Adoption par les couples homosexuels : qui est pour, qui est contre ?

Alain Juppé vient de se déclarer favorable à l’adoption par les couples homosexuels. Mais quid des autres politiques ? Qui est pour, qui est contre ? On fait le point.

>> Parmi ceux qui pourraient prendre les rênes du pays dans les années à venir, ou participer à la rédaction d’un programme présidentiel, les avis divergent et la classe politique est divisée. Qui est pour, qui est contre ?
La prise de position de Monsieur Juppé est avant-gardiste au sein de l’UMP, qui reste frileuse concernant cette question. A droite, seuls les députés Franck Riester et Benoist Apparu se sont en effet clairement prononcés pour. L’UDI, elle, adopte une position plutôt floue, mais son chef de fil, Jean-Louis Borloo, a voté en faveur de la loi Taubira. Au même titre que EELV ou que le Front de gauche, le PS s’est bien entendu prononcé pour l’adoption homosexuelle, François Hollande l’ayant promis durant sa campagne présidentielle. Manuel Valls avait même défendu le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels au Vatican, fin 2012, alors qu’il était ministre de l’Intérieur.

Plutôt contre l’adoption

Xavier Bertrand s’est montré catégorique, le 3 octobre, dans « Valeurs actuelles » : « Je suis contre l’adoption, la PMA et bien sûr la GPA. Sur ces questions-là, je n’ai pas peur d’utiliser le terme « abroger », mais je précise aussitôt qu’il ne s’agit pas de revenir à la situation antérieure ni de « démarier » les personnes concernées ou de « désadopter » les enfants adoptés entre la promulgation de la loi Taubira et son abrogation. »

Laurent Wauquiez l’a répété à plusieurs reprises : il souhaite une abrogation de la loi Taubira.

François Fillon entend réécrire la loi mais il ne dit pas précisément ce qu’il fera sur la question de l’adoption. « Les adoptions par les couples homosexuels et hétérosexuels ne peuvent être placées sur le même plan. Les possibilités d’adoption par les couples homosexuels doivent être restreintes », a-t-il dit le 4 mars 2014 dans les colonnes de « La Croix. »

Nathalie Kosciusko-Morizet n’est favorable qu’à l’adoption simple, qui conserve le lien avec les parents biologiques, contrairement à l’adoption plénière mise en place par la loi Taubira. Elle s’est abstenue lors du vote sur le Mariage pour tous.

Hervé Mariton a voté contre la loi Taubira. Actifs lors du débat parlementaire, il était de tous les défilés de la Manif pour tous. Il a pourtant signé un amendement ouvrant l’adoption aux couples homosexuels… par erreur ! « J’ai signé trop vite, je suis contre l’adoption par les couples homosexuels. C’est une erreur je le reconnais, et j’ai demandé à ce qu’on retire mon nom du texte. »

Plutôt pour l’adoption

Alain Juppé, après y avoir été longtemps opposé, s’est déclaré favorable à l’adoption dans une interview aux « Inrockuptibles » : « Il peut exister des cas où un enfant peut trouver dans un couple de deux hommes ou de deux femmes des conditions d’épanouissement personnel parfaitement acceptables. »

Nadine Morano est favorable à l’adoption pour les couples homosexuels. « Je vais sans doute choquer dans ma famille politique, mais (…) de quel droit pourrions-nous dire qu’un couple de même sexe pourrait être de moins bons parents qu’un couple homosexuel ? », a demandé la députée européenne le 9 novembre, sur Canal +.

Benoist Apparu est favorable à l’adoption. Ce proche d’Alain Juppé compte d’ailleurs parmi les rares députés UMP à avoir voté en faveur de la loi Taubira. « Dans le cadre de l’adoption, il n’y a pas de droit à l’enfant car c’est la société, par le biais de commissions départementales, qui décide si tel couple obtient l’agrément pour une adoption. »

Jean-Christophe Lagarde, le nouveau président de l’UDI, a voté la loi Taubira. « Sur l’adoption, j’ai longtemps hésité car je voulais regarder l’intérêt de l’enfant. Or, toutes les études, faites dans tous les pays sur des milliers d’enfants qui ont grandi au sein de couples homosexuels, montrent qu’arrivés à l’âge adulte, ils ne présentent aucune différence avec un enfant élevé par un homme et une femme », expliquait-il à « 20 Minutes » en 2012.

François Bayrou est favorable à l’adoption par les couples homosexuels, en revanche il s’oppose au mariage pour tous. « L’homoparentalité existe, l’adoption homosexuelle existe. Le fait que deux personnes élevant des enfants ensemble, les ayant adoptés ensemble, soient reconnues toutes les deux comme parents me paraît un droit logique et de bon sens », avait-il expliqué au magazine « Têtu » en 2011.

Jean-Christophe Fromantin était de tous les cortèges de la Manif pour tous. Le député UDI plaide cependant pour une adoption simple, et non plénière. « La seule solution sera d’arrêter l’adoption plénière pour la remplacer par l’adoption simple. »

Ils n’ont pas tranché

Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy, candidats à la présidence de l’UMP, maintiennent une zone d’ombre sur l’adoption homoparentale. Ils savent que cette thématique reste très clivante au sein de leur électorat. Et, si Nathalie Kosciusko-Morizet plaide en faveur d’une adoption simple (autrement dit qui ne rompt pas la filiation avec les parents biologiques), la députée reste opposée à l’adoption plénière, celle qui figure dans la loi Taubira (qui rompt tout lien avec les parents biologiques).

Ils sont contre

Le Front national a très vite manifesté son opposition à l’adoption par des couples homosexuels. « La famille doit se fonder exclusivement sur l’union d’un homme et d’une femme et accueillir des enfants nés d’un père et d’une mère », estime le parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen. François Fillon (UMP) Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) ont également dit non sans la moindre ambiguïté. A gauche, derrière l’unité affichée, une voix discordante s’est fait entendre : celle de Bernard Poignant (PS), proche conseiller de François Hollande et ex-maire de Quimper.

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avec Lenouvelobs
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