Ça fait un moment que Jérôme et Jimmy, tous les deux restaurateurs à Montpellier, songent comme des milliers d’autres couples français à adopter. La loi Taubira, promulguée le 17 mai 2013, leur a permis de se marier et de se lancer dans l’aventure il y a maintenant deux ans. « Mais c’est loin d’être gagné. »
Pour l’agrément, essentiel à la poursuite des démarches, « on n’a pas eu de difficultés particulières », racontent Jimmy et Jérôme sur LCI. Ils l’obtiennent en février 2016, puis se tourne vers un opérateur français, pour une adoption à l’étranger, sollicitant également « tous les départements de France ».
« On a été retenu dans celui de l’Hérault et placé en liste d’attente dans quatre ou cinq autres départements, mais c’est là que ça se complique. Depuis presque un an et demi, On n’a pas encore eu de proposition et on ne sait pas si le fait d’être un couple de même sexe peut poser problème », confie Jimmy.
« Pour l’instant, les agréments s’obtiennent sans difficultés particulières mais après, ça ne va pas plus loin », confirme Boan Luu, porte-parole de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL). Et les raisons sont multiples. « Etant donné que nous sommes un couple homosexuel, le choix pour des enfants à l’étranger est beaucoup plus limité. »
Les recours pour adopter à l’étranger sont effet très réduits. Seule une poignée de pays de la convention de la Haye autorisent l’adoption pour des couples de même sexe : le Brésil, l’Afrique du Sud, un État de la Colombie et du Mexique et plusieurs États des États-Unis.
« On a été rejeté par la Colombie qui n’accepte plus que les agréments de trois enfants ou plus », regrette Jimmy. « Au Brésil, les enfants sont plus âgés et au Mexique il faut attendre des appels à candidature. On est bloqué. »
Selon Alexandre Urwicz, président et co-fondateur de l’association des familles homoparentales (ADFH), les adoptions d’enfants étrangers par des couples de même sexe « se comptent sur les doigts d’une main ». Et en France, certains conseils de famille, qui décident de l’attribution des pupilles de l’État, tenus par des associations conservatrices, soutiens de La manif pour tous, refuseraient d’office les dossiers déposés par les homosexuels.
« On ne voit pas d’autres explications », détaille Boan Luu. Du côté du ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des Femmes, « on nous indique que, à leur connaissance, « il n’y a pas dans les conseils de familles d’association confessionnelle », sans exclure que ce soit possible. » Des suspicions partagées par Alexandre Urwicz, qui confirme que quelques cas lui ont été remontés mais que c’est presque impossible à prouver.