Les plaignants, des associations LGBT+, demandaient l’invalidation de deux sections du code pénal, datant de la colonisation britannique, qui criminalisent l’homosexualité et violent selon eux leur droit à la dignité.
L’une prévoit que quiconque a une « connaissance charnelle… contre l’ordre naturel » peut être emprisonné pour 14 ans, tandis que l’autre prévoit cinq ans de prison pour les « pratiques indécentes entre hommes ». Mais la Haute Cour a refusé ce vendredi 24 mai d’abroger les articles (162 et 165) estimant qu’ils n’entraient pas en contradiction avec les droits fondamentaux que la Constitution, adoptée par référendum, reconnaît depuis 2010.
L’un des trois magistrats, la juge Aburili, a également considéré que même si les plaignants ne réclamaient pas le droit de se marier avec une personne du même sexe, l’abrogation des lois contestées entraînerait inévitablement la cohabitation de couples homosexuels et « ouvrirait indirectement la porte à des unions entre personnes du même sexe ».
Elle a estimé que la question de l’homosexualité avait été évoquée au moment de la rédaction de la Constitution et que l’article 45 portant sur la définition de la famille spécifie notamment que « chaque adulte a le droit de se marier avec une personne du sexe opposé ». « Le désir des Kényans est reflété dans la Constitution », a-t-elle conclu.
À l’issue du jugement, plusieurs couples homosexuels se sont étreints, essuyant quelques larmes. Les plaignants n’ont pas encore indiqué s’ils comptent interjeter appel.
Vingt-huit pays sur 49 en Afrique subsaharienne ont des lois pénalisant les relations homosexuelles, selon Neela Ghoshal, une chercheuse de Human Rights Watch spécialisée dans les droits des gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels. La peine de mort est même prévue, selon la loi islamique, en Mauritanie, au Soudan et dans le nord du Nigeria, même si aucune exécution n’a été officiellement enregistrée ces dernières années.