Consty Bingam, plus célèbre sur les réseaux sous le pseudonyme d’Yves Mont Blanc, influenceur, designer et mannequin camerounais, la vingtaine, a été sauvagement agressé, dans la nuit du 5 au 6 janvier dernier, par une dizaine d’individus qui le trouvaient « trop différent », « efféminé, homosexuel ». Et compte tenu de sa notoriété, indubitablement fortuné.
Il était seul, vulnérable… Ils l’ont encerclé, tabassé, séquestré, puis appelé ses proches avec son téléphone pour leur réclamer une rançon, indiquant qu’ils allaient autrement le supprimer. Ils avaient déjà vidé toutes ses économies.
« Le cœur et le corps en sang ! »
« J’ai cru que j’allais mourir. Ils m’ont battu avec tout ce qu’ils avaient sous la main », y compris des machettes, des fouets et des bâtons, a expliqué le jeune homme dans une vidéo publiée ensuite pour dénoncer ces agressions haineuses qui se multiplient partout dans le pays. « Ils m’ont frappé derrière la nuque, sur les oreilles, je n’entendais plus rien… J’ai vu là, le revers de la popularité des réseaux, car ils me connaissaient si bien et savaient ce qu’ils devaient faire ».
Mais « il est jeune et sera sans doute capable de surmonter tout ça », poursuit-il, rappelant « qu’être différent, efféminé, bi, hétérosexuel, homosexuel, transgenre ou queer ne justifie en rien une telle haine. »
Des violences qui se multiplient, s’alarment les ONG sur place
Les rapports consentis entre personnes du même sexe restent au Cameroun un crime passible jusqu’à cinq ans de prison (article 347-1 du Code pénal), induisant ces violences LGBTIphobes.
Elles se multiplient, souvent perpétrées en toute impunité par des bandes armées et organisées, « sans que personne n’intervienne », déplore Marc Dissoke, activiste camerounais. Il condamne cette nouvelle agression et salue « le courage du jeune homme de l’avoir dénoncée publiquement. La majorité des victimes n’en parlant pas. Et c’est le triste quotidien des personnes LGBTI au Cameroun, en Afrique et dans le monde entier. Sans soutien, sans sécurité, sans protection ni défense. Elles vivent dans un climat d’agression, de discrimination propice à l’intolérance et à l’indifférence de la loi », fustige-t-il. « Un coup de plus, un coup de trop ! »
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