Agression homophobe à Paris, au pied de la Tour Montparnasse : l’Inter LGBT confirme

COMMUNIQUE DE PRESSE DU 21 MARS 2014

Le 17 mars au soir, un couple gay s’est fait sauvagement agresser à Paris Place du 18 juin 1940, au pied de la Tour Montparnasse par un individu qui a été interpellé.

L’attaque est survenue à un arrêt du Bus 95, les deux hommes ont été tabassés et insultés devant témoins et dans une indifférence quasi générale par un individu de 24 ans hurlant aux passants « finissez le, c’est un PD ». Lors de la confrontation l’agresseur présumé s’est défini, selon le témoignage des deux victimes, et c’est un comble, comme n’étant « pas homophobe » !

Face à la gravité des faits, une audience en comparution immédiate a eu lieu le 20 mars 2014. Une plainte a été déposée pour tentative d’homicide avec une qualification des faits qui intègre, entre autres, le motif d’homophobie comme circonstance aggravante. Si l’on peut être satisfait de cette réponse rapide, elle n’efface en rien le traumatisme physique et psychologique des deux victimes, aujourd’hui en ITT et de toute façon durablement atteintes.

Depuis les débats autour du projet de loi mariage pour tous, en 2012, nous constatons une augmentation très nette des cas d’agressions ciblées partout en France (Lille, Paris, Marseille, Rouen…). La responsabilité de ce climat délétère incombe directement aux mouvements réactionnaires opposés à la loi Taubira, qui ont par leurs dérives contribué à banaliser la parole homophobe.

Des moyens doivent rapidement être mis en place pour lutter efficacement contre toutes ces violences et discriminations. Il est inacceptable que de tels actes continuent de se produire dans un pays qui revendique les principes de liberté, d’égalité et de fraternité dans sa devise

Le message publié par une amie des victimes nous avait été signalé hier soir par les admins de la page GAYSCLIPSINFOS pour que nous puissions intervenir. Nous avons d’ailleurs contacté l’auteure et voici son texte original :

>> Voila, ça n’est pas un hoax. Ca n’arrive pas que dans les films. Ce n’est pas des trucs inventés par les médias. C’est juste de l’homophobie devenue ordinaire.
C’est pas un truc à la con non vérifié que je fais tourner. C’est juste un des meilleurs amis d’une de mes petits .
Agression homophobe lundi soir à Paris.
Sophie.

« Silence = Mort

Oh mon amour,

Silence assourdissant. Nuit du vide. De l’indifférence. Nuit de la haine et de la violence. Nuit de la peur ! Oui la peur, celle d’être humain proie aux carnassiers féroces et obscurantistes ! Carnassiers devenu victime de la désinformation et de la bêtise. Peur des mots aiguisés au couperet. Guillotine pernicieuse ! Peur de la lâcheté. Peur du genre humain. Nuit d’un plongeon dans le gouffre indicible de l’incompréhension et du désarroi le plus total. Peur elle aussi féroce.

Une nuit pourtant si douce, Jp et moi revenions d’un apéritif dans un bar rock. Nous avions bu des cocktails “rolling stones”. Le patron nous jouait les Ramones. Le sourire de Marlène et tes yeux, les tiens mon amour, toi mon James Dean, mon Paul Simonon. Ses yeux purs qui dans quelques heures ne verront plus, ne seront que des lambeaux de chair contusions. Plus de lumière ni pour toi. Pour Personne. Paris va s’éteindre, faîtes taire les chiens….

Nous rentrons vers ma chère rive sud. Ma tour New Yorkaise. Bleue. Demain, un nouveau travail, demain un camion plein chargé de fruits doux et d’épices aussi parfumées que ta peau blanche, que tes yeux azuréens, que tes bras, ton corps, ta verge ! Nous rentrons pour saluer notre futur limpide et prometteur.

Oui mon amour, faisons une pause. Entre deux correspondances de Bus, oui mon amour j’ai faim des ces nuits américaines, faim de la grange aux fleurs, rayon de soleil dans une campagne meurtrie. Faim de notre futur groupe de pop. Faim d’un château en Espagne. Notre château… Un piste aux étoiles.

Go go Pizza Pino. Il reste des bus, continuons la nuit. Nous nous délectons de cette nourriture industrielle. Nous chantons Renaud, nos souvenirs, notre avenir. Nous regardons Mick Jagger effondré par le décès de sa femme. Nous trinquons à notre Sex Star. Roulons nos langues. Rentrons mon amour

Silence total sur la place du 18 juin 40. Résistance. Pas une ombre, juste bras dessus bras dessous. Fier Fier Fier. En Anglais on dit PRIDE !

Abri BUS au pied la rue de l’Arrivée. Bus 95 annoncé. Porte de Vanves. Notre antre dorénavant !
Dans tes bras mon amour. Tes lèvres chantent PRENDS LE BUS PRENDS LE BUS ! La dernière étoile va s’éteindre. Mon front, tes lèvres, ton….

“Dégueulasse. Vous êtes dégueulasses bande de PD”. Le type est jeune mais grand, très grand et assez baraque. Je relève la tête pas certain…. Pas entendu cette insoutenable réalité…. Mon Rocker réagit “Pardon”. “PD beurk c’est dégueulasse”. Ses yeux brillent. Il est narquois. Dans ses yeux l’écume, la rage, la haine la frustration.
“Vas y dégage connard, homophobe” “PD crevez” “Dégage, casse toi pauv’type”… Le bus arrive, ouvre ses portes “Viens mon amour, laisse ce con, rentrons… JP ne monte pas dans le bus. Il ne montera jamais, le type lui assène un coup derrière l’oreille. Il tombe à genoux. Perte d’équilibre. Premiers hurlements. Silence insoutenable. Je demande de l’aide au chauffeur. Les portes se referment. Je martèle la vitre. Le bus s’en va avec sa lâcheté et son indifférence… Oh silence meurtrier. Je m’interpose entre l’ordure et l’amour. Pluie de coups de pieds et de poings au thorax. Je réponds avec mes 70 dix kilos, mes 50 balais et mes 35 ans de peur lâchée, là sur ce trottoir. Jp se relève, tente de me protéger, je pars en arrière, le type redouble de coups aux visages, Jp tente de fuir, s’écroule à trois mètres. Inconscient. Seul. Moi et le silence. L’ordure revient frappe au thorax, au dos, me soulève et tente de me jeter pardessus une barrière. 1m20 de vide, talus, route en contrebas. Le type me maintient, je tente de résister. Je hurle. Je vois JP qui se relève, titube. L’ordure termine sa guerre. Je chute, je dévale la talu et je m’écrase la tête sur le bitume d’une rue en contrebas soit 3 mètres de chutes et de dénivelés. Perte des sens…. Un hurlements…. Je frôle l’évanouissement. Le temps de voir Jp, en contrebas aussi à même niveau. Le type l’a ramassé, tabassé et fait passer la barrière. Le sang le sang le sang le silence le silence le silence. Je le rejoins en me trainant. Il est à quatre patte, hémorragie faciale. J’appelle à l’aide. Silence encore malgré les lumières et les terrasses… Je prends mon portable et compose le 17. L’Ordure, dévale à son tour le talu, debout, écumant de rage “t’appelles les flics, je vais te crever PD”, je cours, le type oublie JP au sol. Je ne sais pas s’il est conscient. SAUVER SA PEAU. Je me précipite dans une épicerie. Le type charge. L’épicier me sort manu militari et me livre au monstre aux poings d’acier. A côté des hommes quittent enfin leur siège, en terrasse. Font Barrière. Le type est à 50 cm de moi “ Hey les mec, finissez le c’est un PD”. Un des gars se retourne. “T’es PD” ils rigolent. Il rentre dans le bar. Les autres le suivent. Excepté un seul. UN SEUL. Silence du sang. Un seul type aura le courage de le retenir. Il me hurle “barre toi”…. Et jp ? Le trottoir est vide. Trottoir de sang. De haine. Boulevard de la mort. Elle tourne. Elle est là, cachée sous la lune…
Plus loin, je téléphone à JP. Il répond. Je le retrouve 200 mètres plus bas sur le bld Montparnasse. Au sol, Tuméfié, défiguré à demi conscient.

Des détails oui des Détails mais ces milliers de détails qui font mal. Qui font peur. Plus de larmes, plus de force. La police est là. JP part d’urgence à cochin. Pronostic vital de l’oeil engagé (Il sera sauvé in extremis mais séquelles visuelles et auditives à prévoir). Je monte avec la Brigade. Le sergent “Putain d’homophobe, on va pas le louper”. Un flic me tient par les épaules. Nous remontons l’Arrivée. L’ordure vient d’être interpellé par huit inspecteurs armoire à glace qui l’ont repéré avec mes renseignements lors du deuxième appel. Lors du premier appel, ils avaientt localisé le secteur, toutes les brigades étaient de pied.

“C’est lui Sergent ! C’est lui”.

JP mon amour, mon futur. Odeur de sang mélé. J’ai la cage thoracique enfoncé, la une vertèbre de coincé. Je ne peux plus respirer. La douleur la peur le silence les sirènes le silence qui enfin se taît. Le Silence.

J’ai retrouvé ma beauté. Nous avons marché en pleurant, en boitillant, en étant accroché, désormais inséparables. Très amochés mais FIER, pour TOUJOURS.

Ce courriel parce que j’ai besoin de mots. J’ai besoin que vous sachiez tout dans les détails. Ces mots, ces détails. Impudique penseront certain. Peut-être, mais s’il y a de la perversité, ce n’est pas dans notre amour et dans nos mots qu’il faudra la chercher.

6 jour d’ITT pour moi
10 jour d’ITT pour mon rocker
10 jours de pertes sèches sur le magazin, stock perdu…..

L’Ordure est déjà en mandat de dépôt. Il a 24 ans, barman et rugbyman pilier ! Lors de la confrontation, il s’est décrit comme Catholique et Versaillais. Il n’est pas homophobe mais ne supporte pas de voir des gars “s’exhiber”.
Nous refusons ses excuses nous maintenons nos plaintes et nous nous constituons partie civile ainsi que l’association SOS HOMOPHOBIE, le RAVAD (avocats gay)et peut-être d’autres associations. Pour qu’il sache, pour qu’ils, vous, nous, sachions.
Il est inculpé de trois chefs d’accusations avec circonstances agravantes : Homophobie, Alcool et violence sur lieu de circulation (arrêt de bus).
Des mots oui des mots, qui ne se tairont jamais, j’en fait le serment.
Des mots et une photo, insoutenable, de JP, pour que l’on voit, qu’il voit, que vous nous voyez ce que ce visage représente : L’HOMOPHOBIE, la haine de la différence, l’intolérence…. LA HAINE. Silence total !

PS : Nous envisageons de porter plainte contre la RATP pour non assistance. La RATP ne s’est toujours pas manifestée malgré les injonctions de la police du juge et du procureur !

A tous les petits et gros PD, aux grosses GOUINES, aux trav, drag, bi et transe, A tous les séropos, A tous les différens A tous les parents du monde et leurs enfants … NOUS RESTERONS EXTRA… ORDINAIRE!

FIGHT HOMOPHOBIA FIGHT BACK !

Jean Paul F. et Jean Paul B. »

Faites suivre pour que l’on sache. Vous pouvez publier cette chronique sur vos pages

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