Julia, jeune femme trans, a été prise à partie et violentée ce dimanche, à la sortie de la station du métro parisien République, où se déroulait un rassemblement pour l’Algérie. La vidéo diffusée et dénoncée lundi sur les réseaux sociaux par Lyes Alouane, délégué Ile-de-France de STOP Homophobie, est rapidement devenue virale, provoquant l’indignation de nombreux responsables politiques et associatifs.
Le parquet de Paris a d’ailleurs ouvert une enquête pour « violences aggravées » par la circonstance qu’elles ont été commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Une personne a été placée en garde à vue puis relâchée. Mais l’enquête sera diligentée par le Service de l’accueil et de l’investigation de proximité (Saip) du IIIe arrondissement de Paris.
« Je n’avais rien demandé. je voulais prendre le métro. Là, trois hommes m’ont bloqué le passage et l’un d’eux m’a dit : ‘Hé, mais t’es un homme toi !’. Je n’ai pas voulu répondre et j’ai tenté de les éviter, mais il m’ont retenu en disant que je devais répondre à leur question. L’un d’eux m’a alors touché la poitrine en s’étonnant que j’ai effectivement des seins », a expliqué Julia au HuffPost.
« J’ai dégagé sa main en lui disant de ne pas me toucher. Il a alors sorti son sexe et m’a demandé de ‘lui faire du bien’. J’ai voulu partir et remonter les escaliers. D’autres hommes m’ont jeté de la bière du haut des marches, m’ont insultée. Un homme m’a giflée. Ensuite c’est là que la vidéo commence ».
La jeune femme précise en outre, qu’une fois mise à l’abri, les agents de la RATP l’auraient aussi appelée « Monsieur », puis conseillée « de ne pas s’habiller comme ça », poursuit Julia. « Je suis transgenre, ça perturbe les gens. Cette attaque m’a d’autant plus choquée que c’est très récent pour moi, cela ne fait que cinq mois que j’ai commencé ma transition et que je prends des hormones. J’avais réussi à avoir confiance en moi et là ils ont tout détruit ».
Agression transphobe.
Nous sommes bien en plein @Paris, à République. 🌈Une honte pour notre pays. 🇫🇷
Une honte pour le drapeau auquel vous pensiez faire honneur. 🇩🇿@stop_homophobie
@FVauglin@ACORDEBARD@Prefet75_IDF pic.twitter.com/GbD6bBG5dt— Lyes Alouane🇫🇷🇪🇺 (@Lyes_Alouane) 2 avril 2019
Et c’était un véritable « lynchage », s’émeut Lyes, « d’où la nécessité de rendre la séquence publique. Aujourd’hui en France, si l’affaire n’est pas médiatisée, c’est complètement banalisé, par les forces de l’ordre ou même la justice. Les victimes l’ont compris, mais c’est terrible d’avoir à se mettre en avant lorsqu’on a été agressé, surtout pour LGBTphobie. Souvent, les témoignages ne sont pas pris en compte, ou ridiculisés. Et c’est pour ça que Stop Homophobie travaille directement avec des avocats, de façon à transmettre les plaintes au procureur de la république sans passer par le commissariat. Nous défendrons Julia avec tout le soutien nécessaire. Et nous continuerons, systématiquement, sur tous les terrains. »
« Pour les personnes LGBT, c’est très difficile de s’adresser aux policiers », explique Lyes Alouane, de @stop_homophobie pic.twitter.com/zE7i87IPih
— BFM Paris (@BFMParis) 2 avril 2019