Alors que la France se livre à des manipulations comptables pour maintenir péniblement sa contribution au Fonds Mondial de lutte contre le sida, la Grande Bretagne vient de frapper un grand coup. Aujourd’hui 23 septembre, elle annonce plus du doublement de sa dotation, passant à 1,2 milliard d’euros pour les 3 ans à venir. La Grande Bretagne deviendrait alors le second contributeur mondial, damant le pion à la France. AIDES et Coalition PLUS saluent cette initiative historique et appellent la France à réagir.
Depuis plusieurs mois, AIDES et Coalition PLUS affichent de sérieuses inquiétudes quant au manque de volontarisme de François Hollande dans la lutte mondiale contre les pandémies. Notre pays, leader incontesté de ce combat durant de nombreuses années, ne semble plus faire du sida une priorité de son action internationale. Ce manque d’ambition française est d’autant plus incompréhensible que la fin de l’épidémie n’a jamais été aussi accessible, comme le démontre un récent rapport publié par les activistes internationaux de l’ICSS[1].
L’efficacité du Fonds mondial adoubée par la Grande Bretagne. Cette décision britannique intervient après un minutieux travail d’évaluation de son aide multilatérale, qui place le Fonds mondial en tête des initiatives les plus coût-efficaces[2]. La même évaluation et le même constat ont été récemment faits par la France[3], qui n’a pourtant pas jugé utile d’augmenter sa contribution.
UK: yes we can end AIDS! Cette annonce montre que la Grande Bretagne a pris acte des différentes études publiées ces derniers mois, qui convergent toutes dans le même sens : la fin de l’épidémie est à portée de main, à condition de passer rapidement un braquet en termes de financements. Avec le doublement de sa contribution, la Grande Bretagne emboite le pas à d’autres pays[4] qui ont, eux aussi, pris conscience de l’enjeu. « Plusieurs pays ont compris le choix qui s’offrait à eux : consentir un effort financier dès maintenant pour en finir avec l’épidémie, ou se condamner à payer à jamais. Dommage que la France ne soit pas parvenue à la même conclusion, qui relève pourtant du bon sens économique », regrette Bruno Spire, Président de AIDES.
Une hausse… sous conditions. AIDES et Coalition PLUS saluent cet élan historique de solidarité et constatent que le leadership dans le combat mondial contre le sida a désormais traversé la Manche. La Grande-Bretagne a toutefois posé ses conditions : sa dotation ne pourra excéder 10% de la dotation mondiale. Ce qui implique que d’autres pays devront également augmenter leur contribution. « Si la France ajoutait, comme elle l’a promis, les 5% de sa taxe sur les transactions financières à sa contribution globale, celle-ci atteindrait 1,2 milliards sur 3 ans : l’équivalent de la contribution britannique. Il est encore temps de réagir », explique Hakima Himmich, présidente de Coalition PLUS.
Nous appelons donc François Hollande à s’inspirer du volontarisme britannique et à annoncer à son tour, sans attendre, une augmentation de la contribution française.
C’est à ce prix que nous pourrons mettre un terme à une épidémie qui a déjà fait plus de 30 millions de morts.
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[1]http://www.20minutes.fr/economie/1222099-20130912-fin-sida-histoire-dargent
[3] Evaluation des contributions françaises au Fonds mondial de lutte contre la tuberculose le sida et le paludisme, synthèse du rapport final aout 2013, ACODESS
[4] Suède et Norvège (hausse de 150 millions de dollars annoncée en septembre 2013), Etats Unis