Dans un rapport intitulé « A cause de ce que je suis », Amnesty International alerte sur ces phénomènes de rejet qui ciblent les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans ou intersexuées (LGBTI).
Bien que la situation des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans ou intersexuées (LGBTI) se soit améliorée ces dernières années dans certains pays d’Europe, les préjugés, la discrimination et la violence inspirée par la haine persistent et sont parfois monnaie courante.
Dans son rapport basé sur des témoignages recensés en Italie, Grèce, Bulgarie et Croatie, Amnesty International exhorte les gouvernements et l’Union européenne à prendre davantage de mesures pour lutter contre cet état de fait notamment par la voie législative.
Le constat du rapport est sans appel
Les personnes LGBTI peuvent être confrontées à la violence partout : dans la rue, dans des bars et des boîtes de nuit, et même chez elles – parfois de la part de membres de leur famille.
S’il est impossible de connaître l’ampleur exacte de ce type de violences une étude publiée récemment par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne (UE) sur l’ensemble des pays de l’UE révèle qu’une personne LGBTI sur quatre interrogée avait été victime d’agression ou de menace avec violence au cours de cinq années précédentes. Près de 70% d’entre elles ont souvent ou toujours dissimulé leur orientation sexuelle ou identité de genre à l’école.
Enfin, seuls 13 pays de l’UE sur 28 récoltent des données sur les crimes homophobes, 5 sur les crimes transphobes.
Afin de lutter efficacement contre les crimes fondés sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, les autorités doivent s’améliorer dans plusieurs domaines. Actuellement, la législation de nombreux pays de l’UE présente des lacunes, et les enquêtes et poursuites relatives à des crimes motivés par la haine laissent souvent à désirer. Comme les victimes bénéficient de peu de soutien, elles ne sont pas forcément disposées à signaler les crimes à la police, et l’impunité pour leurs agresseurs prédomine.
Le cas de Michelle, Italie
Le 14 février 2012, Michelle, une jeune trans, a été passée à tabac par plusieurs personnes dans une
discothèque de Catane. l’un de ses agresseurs avait essayé de flirter avec elle sur la piste de danse. lorsqu’elle avait décliné ses avances, il s’était rendu compte qu’elle avait une voix masculine et s’était écrié : « oh tu es pédé ! » avant de lui donner un coup de poing au visage. Michelle a raconté à Amnesty international qu’une dizaine de personnes présentes dans la discothèque ont alors commencé à la frapper à coups de poing et de pied, et à lui crier des insultes telles que : « dégoûtant ! tu es un homme, un pédé ! »
Au terme d’une enquête, l’un des suspects a été identifié mais la motivation transphobe ne sera pas prise en compte de manière explicite dans les poursuites engagées ni dans la fixation de la peine, en raison des lacunes de la législation pénale.
Pourquoi les motivations haineuses sont à prendre en compte ?
Les crimes de haine se distinguent des autres actes criminels par la nature discriminatoire de leur motivation. c’est la raison pour laquelle il est essentiel que l’enquête vise à clarifier les circonstances qui entourent la perpétration d’un crime.
En garantissant l’identification de la motivation haineuse on permet aussi la réalisation de statistiques et le développement de stratégies pour combattre efficacement les crimes haineux et empêcher que d’autres ne se reproduisent à l’avenir. Cela encourage les victimes à signaler ces crimes à la police, et cela permet d’ouvrir des enquêtes et des poursuites plus concluantes.
Le cas de Stephanos, Grèce
Le 28 août 2012, tôt le matin, Stefanos se promenait avec un ami près de la place Omónia, à Athènes. Deux hommes se sont approchés d’eux et leur ont demandé s’ils étaient gays. Lorsqu’ils ont répondu par l’affirmative, les hommes leur ont dit : « vous allez voir ce qui va arriver » et ils sont partis. Quelques minutes plus tard, ils ont rattrapé Stefanos et son ami, les ont jetés au sol et les ont roués de coups de pied et de poing tout en leur criant des insultes homophobes.
Alors qu’il était encore par terre, Stefanos a réussi à appeler la police. Quand les policiers sont arrivés quelques minutes plus tard, il leur a indiqué qu’il avait été victime d’une agression homophobe. les agents lui ont demandé ce qu’était une agression homophobe.
Dans ses conclusions, Amnesty International exhorte les Etats à prendre des mesures globales à l’égard des crimes de haine quelle qu’en soient les motivations en adoptant des textes législatifs qui les interdisent et incite l’UE à renforcer les normes européennes en la matière.
Avec amnesty.fr