Allemagne : Rester vigilant face au réveil de la droite

Le 8 juin dernier, à la veillle des élections européennes, Stop Homophobie était convié à la marche des fiertés de Giessen. Nadine Varkonyi, activiste et militante au sein du CSD Mittelhessen – l’association organisatrice de l’évènement – a accepté de livrer son témoignage quant à l’évolution de la situation des femmes lesbiennes dans les petites villes ou les milieux ruraux du centre de l’Allemagne.

Pour Stop Homophobie, elle nous dévoile son ressenti, son parcours, mais aussi son combat pour pouvoir faire reconnaître sa famille ainsi que l’existence de la parentalité lesbienne.

Un militantisme LGBT+ populaire et rural

Stop Homophobie : « Quels sont les particularités du CSD Mittelhessen »?

Nadine Varkonyi : « La ville de Giessen est une ville avec beaucoup d’étudiants, mais le reste de la région est beaucoup plus rurale. Par conséquent notre objectif est de pouvoir occuper le terrain, aussi bien dans le district de Marburg que dans celui de Wetzlar. Surtout ce maillage territorial doit nous conférer une visibilité et une présence, afin de se faire entendre et de prendre position partout où cela est possible, dans un contexte de montée en puissance des idées conservatrices ».

Stop Homophobie : « Quelle place tiennent les femmes au sein du CSD Mittelhessen »?

Nadine Varkonyi : « Ma compagne et moi étions présentes dans le précédent comité de pilotage, mais entre temps nous sommes devenues des mères. Ainsi, récemment nous avons dû nous mettre quelque peu en retrait. Toutefois, à présent, il y a une autre femme qui a pris le relai et qui aborde nos préoccupations. Néanmoins pour l’heure, le CSD est composé majoritairement d’hommes ».

La difficile affirmation de la parentalité lesbienne

Stop Homophobie : « Quels sont les combats des femmes au sein du CSD Mittelhessen et quels sont vos plaidoyers en direction des femmes lesbiennes ou trans »?

Nadine Varkonyi : « La visibilité des femmes lesbiennes et trans est importante pour nous et l’on se bat également pour que fonder une famille homoparentale puisse être plus simple.

Actuellement, il n’est pas facile pour un couple lesbien que d’obtenir des attestations de naissance avec la mention du nom des deux mères, celle qui a porté le bébé ainsi que celle qui est sa compagne.

Bien souvent, la maman qui n’a pas porté l’enfant doit entreprendre une procédure d’adoption devant la justice et c’est toujours assez fastidieux et humiliant, alors que nous faisons famille au quotidien ».

Un devoir de vigilance

Stop Homophobie : « Au sein du Lander de la Hesse quelles sont les évolutions en faveur des personnes LGBT+ que vous avez enregistrées récemment »?

Nadine Varkonyi : « Nous constatons chaque année qu’il y a de plus en plus de jeunes participants qui font leur outing et ce de plus en plus jeunes. En outre, d’un point de vue institutionnel, les villes de la région que sont Wetzlar, Marburg ou Giessen continuent de soutenir le tissu associatif LGBT+ local, malgré la montée des idées de droite. En ce sens, nous nous devons de rester mobilisés en faveur de la défense de nos droits pour qu’ils ne puissent faire l’objet d’une remise en cause ».

Mais des signes encourageants

Stop Homophobie : « Quelles sont les plus grandes victoires du CSD Mittelhessen »?

Nadine Varkonyi : « Chaque année l’organisation de la marche des fiertés de Giessen est un succès en soi et nous sommes contents qu’il y ait beaucoup de monde, car pour nous, ce n’est pas juste un festival, mais c’est aussi une manifestation profondément politique.

Cette année, il y a eu plus de personnes qui se sont mobilisées qu’en 2023 et au final, on a l’impression que cet évènement trouve son public pour la troisième année consécutive à Giessen ».

Traduction de l’allemand vers le français assurée à l’aide Nicola Roether, professeur de français dans le district de Giessen que nous remercions comme chaque année.