C’est un nouveau lieu de culte musulman qui a vu le jour à Berlin ce vendredi 16 juin, en présence de nombreux médias et de l’Américano-Malaisienne Ani Zonneveld, l’une des rares femmes imams dans le monde. Installée au troisième étage de l’église protestante Saint-Jean (St. Johannes), cette petite mosquée prônant un islam moderne, débarrassé de ses tabous, accueillera hommes et femmes, sunnites, chiites ou alévis, et personnes LGBT. Elle porte intentionnellement le nom du poète allemand Goethe et du médecin et philosophe arabe andalou du XIIe siècle Ibn Rushd (aussi connu sous le nom d’Averroes).
« Fondamentalement, la porte est ouverte à tous, à une exception près : personne ne viendra en niqab ou en burqa. C’est pour des raisons de sécurité, et nous croyons que le voile à visage plein n’a rien à voir avec la religion, mais plutôt une attitude politique », a expliqué dans la presse l’une des fondatrices, Seyran Ates, 54 ans, militante féministe et avocate, originaire de Turquie. Elle s’est installée en Allemagne avec sa famille à l’âge de six ans. Elle a notamment été critiquée par les conservateurs pour avoir appelé l’islam à une révolution sexuelle et vit désormais sous protection policière. Elle a dû également interrompre en 2006 ses activités suite à des menaces de mort pour avoir défendu des victimes de crimes dits d’« honneur ».
Les insultes pleuvent sur sa messagerie. « Mais les commentaires sont majoritairement positifs », insiste-t-elle.
En 1984, elle a échappé de peu à une tentative d’assassinat : un mari violent, en lien avec l’extrême droite turque, tire à trois reprises sur la jeune avocate et sur l’une de ses clientes, qui ne survivra pas. « Depuis, j’ai appris à vivre avec la peur », assure-t-elle dans un portrait que lui a consacré Libération.
Le pays, qui compte plus de quatre millions de musulmans, a été la cible d’attaques djihadistes, notamment le 19 décembre 2016, jour où un attentat au camion-bélier a fait douze morts sur un marché de Noël de Berlin. L’arrivée de plus d’un million de réfugiés, pour beaucoup musulmans, depuis 2015 a également exacerbé les peurs de certains Allemands, notamment lorsqu’il s’est avéré que des djihadistes avaient profité de ce vaste mouvement de migration pour gagner l’Europe.