«Très discrètement», le pape François a reçu samedi Laurent Stefanini, pour lui confirmer son refus d’agréer sa candidature, assure «Le Canard Enchaîné» dans son édition de ce mercredi 22 avril.
Selon l’hebdomadaire satirique français, le pape lui a dit «n’avoir rien contre lui mais qu’en revanche il n’avait apprécié ni le mariage pour tous ni les méthodes de l’Elysée qui a tenté de lui forcer la main». Une source proche du dossier a confirmé à l’AFP l’entrevue sans en préciser la teneur.
L’intéressé regrette qu’elle ait été divulguée de façon à lui nuire et il estime toujours ouverte la question de l’agrément, contrairement aux affirmations du Canard enchaîné. «Le processus continue», également selon l’Elysée où l’on «espère clairement que la réponse sera positive et rapide». «Laurent Stefanini est le seul candidat nommé par le président de la République et le Conseil des ministres».
En 2007 déjà, la nomination du diplomate Jean-Loup Kuhn-Delforge, homosexuel lui aussi, et actuellement ambassadeur de France en Grèce, n’avait pas abouti, n’ayant jamais reçu l’agrément du Vatican. Ministre des Affaires étrangères à l’époque, Bernard Kouchner, qui juge l’affaire «déplorable», assure ce mercredi qu’il avait demandé à son homologue du Vatican de rapatrier son nonce apostolique, «ce qu’il fit». «Je lui ai dit donnant-donnant, c’est ça la diplomatie». L’ancien député conclut, dans un sourire, que « le Vatican me paraît mal placé pour donner des leçons sur l’homosexualité ».
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Ces déclarations viennent s’ajouter à l’estime manifestée par plusieurs cardinaux français, en France et à Rome, à l’égard de Laurent Stefanini. Le président François Hollande l’a aussi exprimée en privé.
Mais, selon plusieurs sources dans l’entourage du pape, celui-ci s’estimerait désormais face à un piège regrettable. L’homosexualité du diplomate apparaissant dans la presse comme un enjeu de cette affaire, cet agrément se trouve de fait instrumentalisé quelle que soit la décision. « Notre message à la France est : ‘‘Respectez les procédures” », résume une source vaticane, en référence à l’extrême discrétion que requiert d’ordinaire une phase d’agrément.
Des soutiens à Laurent Stefanini dénoncent des agissements contre lui. D’autres, au contraire, s’irritent de ce qu’ils voient comme une exploitation par Paris d’une affaire donnant médiatiquement une image rétrograde de l’Église catholique.
Avec AFP