Amendes pour la banderole anti-Hollande rue de Solférino

En marge de la « Manif pour tous » du 26 mai, 19 personnes avaient fait intrusion sur la terrasse du siège du PS.

Les 19 personnes qui avaient fait intrusion, fin mai, sur la terrasse du siège du Parti socialiste pour déployer une banderole appelant à la démission de François Hollande ont été condamnées jeudi 25 juillet à des peines d’amende par le tribunal correctionnel de Paris.

Quinze d’entre eux se sont vu infliger chacun une amende de 500 euros avec sursis, trois une amende de 500 euros chacun et le dernier une peine de 90 jours amende à 10 euros, soit 900 euros au total (les jours amende sont convertis en jours de détention si le condamné ne s’en acquitte pas).

Les faits remontaient au 26 mai et étaient survenus en marge d’une importante manifestation contre la loi dite du mariage pour tous.

Ces personnes, âgées de 19 à 36 ans, étaient poursuivies pour violation de domicile, infraction passible d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende.

La version pour tous

Tous les prévenus, à deux exceptions, ont présenté au tribunal la même version : arrivés de province, à la recherche du cortège de la Manif pour tous, ils se sont perdus dans une ville qu’ils ne connaissaient pas avant de parvenir, par hasard, rue de Solférino (VIIe arrondissement), où se trouve le siège du Parti socialiste.

Observant un attroupement au bas d’une échelle, ils sont montés, franchissant la grille d’enceinte pour atteindre une terrasse au sommet de l’immeuble qui abrite le siège du Parti socialiste. Ils ont alors constaté la présence d’une banderole portant le slogan « Hollande démission ».

Les prévenus ont dit ne pas avoir prémédité leur geste, ne pas se connaître les uns les autres et ne pas avoir installé l’échelle, pas plus qu’avoir déployé la banderole.

« Nous avons le sentiment que ce qui a été particulièrement bien réussi, c’est l’effet de surprise (…), d’où l’impression qu’il s’agit d’une action concertée », a déclaré le président, Jean-Christophe Hullin. Il a rappelé que, selon un procès-verbal des services de police, les 19 prévenus étaient fichés par les services de renseignements comme appartenant à l’organisation d’extrême droite Génération identitaire.

A l’exception de cinq d’entre eux, les prévenus ont assuré le contraire, l’un d’entre eux qualifiant de « blessant » le fait d’être associé à des « mouvements d’extrême droite », considérés comme « brutaux » par l’opinion publique.

« Plutôt bon enfant »

« Les faits reprochés sont d’une gravité très moyenne. Mais il y a un contexte qui est dérangeant », a dit le représentant du ministère public, Patrick Gendre, lors de son réquisitoire, faisant référence à l’appartenance présumée des prévenus à un groupement d’extrême droite. »C’est un peu effrayant, cette doctrine » défendue par Génération identitaire, « ça réveille des mauvais souvenirs », a-t-il dit.

Son argumentation a été contestée par plusieurs avocats de la défense, qui ont évoqué une « poursuite politique », selon les termes de Me Martin Mechin.

« Cette action-là était plutôt maligne, elle était plutôt bon enfant », a plaidé Me Hervé Denis. « Je ne demande pas qu’on les félicite, mais on aurait pu avoir l’élégance d’éviter un procès pour juger ces garçons », a ajouté le conseil, pour qui « cette affaire ne le méritait pas ».

Il a, à l’appui de sa démonstration, rappelé qu’en janvier 2013, des sans-papiers s’étaient introduits au siège du Parti socialiste, sans qu’aucun ne soit poursuivi par la justice.

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