Le 1er mai 2012, le corps d’Ihsane Jarfi, liégeois de 32 ans, disparu depuis une dizaine de jours, était retrouvé nu, désarticulé, dans un champs, avec des blessures très importantes, dont un écrasement de la cage thoracique qui a brisé 17 côtes.
Le jeune homme a été torturé pendant plusieurs heures. L’enquête a également démontré qu’il avait été attiré dans une voiture, par quatre individus qui attendaient devant le bar gay du centre de Liège où il avait passé la soirée. Les suspects ont rapidement été identifiés et deux ans plus tard, trois d’entre eux (trentenaires) étaient condamnés à la perpétuité pour assassinat homophobe, et le plus jeune (25 ans) à 30 ans d’emprisonnement pour meurtre homophobe.
Une première pour la cour d’assises de Liège. Le jury a notamment tenu compte du « mépris des accusés pour la vie humaine ». Ils étaient aussi jugés pour traitements dégradants et détention arbitraire. Une nuit de barbarie donc que retrace crescendo le réalisateur Belge, Nabil Ben Yadir (Les Barons, La Marche), dans son dernier long-métrage, « Animals », au cinéma depuis ce 15 février 2023.
Le titre est d’ailleurs inspiré d’un des agresseurs qui en audience avait lancé, « Nous ne sommes pas des animals ». Et rien n’est éludé de leur sadisme, et des sévices et autres mutilations subis par Ihsane, devenu Brahim, incarné par Soufiane Chilah (La guerre des mondes sur Canal+). Mais pour ses parents, « Animals » n’est pas un film, « c’est la réalité », « car ce que l’on retient principalement de la mort d’Ihsane, c’est la manière dont il a été tué, c’est la façon dont il a été achevé. C’est ça qui fait le plus mal (…) cette violence extrême subie par Ihsane », insiste son père, Hassan Jarfi, dans un entretien sur le site moustique.be.
Avec son épouse Nancy, ils ont créé en 2014 une fondation pour lutter contre les discriminations et perpétuer la mémoire de leur fils. En janvier dernier, l’association LGBTQI+ bruxelloise Çavaria leur a décerné son « lifetime achievement award ».