Conscient de l’homophobie de son père chez qui il vit, dans le Nord-Pas-de-Calais, il décide de cacher cette attirance. C’était sans compter sur sa première relation amoureuse sérieuse, qu’il présente d’abord comme « son meilleur ami » à son père. Anthony est alors en classe de première scientifique. « J’ai toujours été le meilleur élève de la classe. Je voulais décrocher mon bac S et devenir chirurgien esthétique ou avocat », précise-t-il.
Un SMS révèle son homosexualité à son père
L’ »ami » d’Anthony et son père s’entendent si bien qu’ils échangent leur numéro de mobile. C’est une erreur de destinataire de SMS qui va révéler son orientation sexuelle à son père. « Pendant un repas de famille, mon père a reçu un SMS de mon petit ami. Il lui avait envoyé « je t’aime » au lieu de me l’adresser. Cela a jeté un froid », se souvient Anthony. La réaction de son père a été violente. Il a broyé son téléphone dans sa main.
« Tu m’auras vraiment tout fait dans la vie »
« Très vite, mon père a contacté les services sociaux du conseil général, en disant qu’on n’arrivait plus à s’entendre. J’ai d’abord refusé de partir sachant que, même si nos rapports étaient conflictuels, comme c’est souvent le cas à l’adolescence, c’était parce que j’étais homo qu’il voulait que je parte », raconte le jeune homme. Une assistante sociale le laisse choisir entre le placement en foyer ou dans une famille d’accueil, ou bien « changer ». « Sous-entendu changer d’orientation sexuelle, même si elle n’a jamais dit que j’étais homo », précise Anthony.
Lorsque le jeune homme contacte sa mère pour lui annoncer qu’il est homosexuel et évoquer sa situation, il l’entend répondre : « Tu m’auras vraiment tout fait dans la vie. » Encore aujourd’hui, Anthony s’insurge contre sa mère, même s’il connaissait aussi son rejet de l’homosexualité. « Elle ne m’a pas accueilli chez elle. J’avais 16 ans. J’étais un enfant ! »
Du nord de la France à Montpellier
L’adolescent va séjourner 9 mois à Calais dans une famille d’accueil, « un couple de 60 ans, qui n’a pas été dérangé par mon homosexualité ». Une période très difficile pour Anthony qui n’accepte pas d’avoir été renié par sa famille. « J’étais renfermé, plus scolarisé et totalement déprimé », confie-t-il.
L’année suivante, il quitte Calais pour Paris où il s’installe chez son copain, un étudiant de 25 ans. « À ce moment-là, je voulais reprendre des études courtes. Mais cela s’est très mal passé avec ce garçon et j’ai été obligé de partir », raconte le jeune homme. Il contacte alors Le Refuge, situé à Montpellier, pour être accueilli dans un appartement-relais que l’association propose aux jeunes majeurs en rupture familiale. « Je n’avais pas d’argent. J’ai cherché du travail. Et, j’ai eu de la chance, parce que j’ai été pris en CDD, alors qu’il n’y avait rien sur mon CV », s’étonne-t-il encore.
À 20 ans, le jeune homme est aujourd’hui en CDI et vient de rencontrer quelqu’un. « Tout va bien », conclut Anthony, qui vit aujourd’hui dans un appartement à plus de 1000 kilomètres de ses parents, avec qui il n’a aucune envie de renouer.
Mai 2012