On les a très peu entendus au moment des manifestations contre le mariage homosexuel l’an passé, mais d’après un sondage BVA du 23 février, 54% des catholiques se prononcent pour le droit au mariage des couples de même sexe. C’est le cas de Vanessa Chapuis, jusqu’à il y a quelques mois encore assidue à la messe. Mais échaudée par les appels de son curé à descendre dans la rue, elle ne fréquente quasiment plus l’église de son quartier.
Si l’on s’en tenait aux a priori, Vanessa Chapuis aurait plutôt le profil d’une participante de la Manif pour tous. Elevée à Neuilly-sur-Seine dans une famille catholique pratiquante, ancienne animatrice d’aumônerie, assidue à la messe, mariée à un cadre commercial avec qui elle vit dans un coquet appartement du XVe arrondissement de Paris, mère d’un petit garçon de bientôt 3 ans et le ventre bien rond annonciateur d’une deuxième naissance au mois de juin.
« J’ai vécu ça comme un rejet de l’autre »
Sauf que cette trentenaire, chasseuse de tête dans un cabinet de recrutement, n’est pas opposée au mariage homosexuel. Au contraire, elle se dit même favorable à l’adoption par un couple de même sexe. Le plus important à ses yeux, « c’est que l’enfant soit élevé dans l’amour ».
Ces convictions, Vanessa ne les a pas défendues dans la rue l’an passé. Mais elle a été attristée de voir des dizaines de milliers de catholiques battre le pavé contre le projet de loi Taubira. « Tous les cars qui débarquaient de Vendée, de Bretagne, j’ai vraiment vécu ça comme un rejet de l’autre. Le fait que ce soit associé au catholicisme, ça me déprime. La religion catholique est censée représenter la tolérance ».
« J’en étais malade »
Pour Vanessa, l’Eglise n’avait pas à intervenir de la sorte dans un débat qu’elle estime strictement civil. « Il n’était pas question du mariage religieux », explique-t-elle. Elle n’a d’ailleurs pas supporté les appels à la mobilisation lancés par le prêtre de l’église Saint Jean-Baptiste de La Salle juste à côté de chez elle. « J’en étais malade », dit-elle.
Depuis quelques mois, celle qui ne manquait que très rarement un office boycotte donc sa paroisse. Sans être mal à l’aise avec sa foi. « Je suis fière d’être catholique. J’essaie plutôt de prêcher pour le côté libéral des cathos ».