Malgré ses excuses après ses propos homophobes, Vitus Huonder devrait présenter sa démission, estime Jacques Neirynck sur 24 heures. L’écrivain catholique ne mâche pas ses mots.
L’évêque de Coire Vitus Huonder a présenté ses excuses dans une lettre, suite à ses propos controversés condamnant les homosexuels. Il s’excuse de façon explicite «auprès de toutes les personnes qui se sont senties blessées par mon discours, en particulier auprès des personnes de sensibilité homosexuelle».
Pour Jacques Neirynck, doyen du Parlement (83 ans) et catholique engagé, ces excuses ne changent rien. L’auteur du «Manuscrit du Saint-Sépulcre» estime que le prélat doit présenter sa démission. Questions.
– Mgr Vitus Huonder a fait son acte de contrition, affaire classée?
– Pas du tout. Qui s’excuse s’accuse. Cela ne change rien au fond du problème. Pour quelle raison un évêque cite-t-il des passages de l’Ancien Testament qui évoquent la mise à mort des homosexuels, si ce n’est pour suggérer que ces personnes devraient encore être condamnées aujourd’hui? Un évêque n’a pas à citer de tels passages, ce n’est pas son rôle pastoral. Il y a un autre passage dans le Lévitique, qui dit qu’il convient de lapider les femmes adultères. Transposez le problème: si un évêque s’avisait de citer ce passage-là, quelle serait la réaction publique? Vitus Huonder ne l’a pas fait par hasard, il agit comme les intégristes de tous bords. Pour moi, il n’a plus sa place à la tête d’un évêché, il doit démissionner.
– L’Eglise catholique ne condamne pas l’homosexualité en tant que telle, mais à condition que ces personnes s’en tiennent à la chasteté… Mgr Huonder n’est-il pas en phase avec l’institution?
– Non, l’Eglise catholique a des valeurs de tolérance, de charité et d’accueil. Ces valeurs-là ont d’ailleurs diffusé dans la société. Notre Constitution en est fortement imprégnée, avec le respect des minorités ou le droit à l’égalité. Le paradoxe, c’est que ces valeurs-là ont fait évoluer la société civile, mais pas certains milieux ecclésiastiques. Vous savez qu’il existe des tendances très différentes au sein de l’Eglise, il y a même un schisme de fait.
– Vous appelez au départ de l’évêque de Coire, mais y a-t-il une chance que cela se produise?
– Oui, s’il ne démissionne pas il pourrait être remplacé. Je vous rappelle qu’un de ses prédécesseurs, Wolfgang Haas, dont les idées posaient problème, a été déplacé au Lichstenstein en 1997. Il serait souhaitable que Vitus Huonder soit nommé à Rome. Il doit disparaître, car il n’est pas tolérable qu’une institution subventionnée par les pouvoirs publics laisse planer des soupçons pareils. Pour aller plus loin, je me demande aussi dans quelle mesure l’interdiction faite aux femmes d’accéder à la prêtrise n’est pas contraire à notre Constitution.
>> Nous invitons toutes les personnes solidaires, concernées ou sympathisantes de cette lutte, vivant en Suisse ou à l’étranger à réclamer la condamnation des propos de l’évêque, en signant également la pétition. C’est en nous mobilisant, solidaires, que nous parviendrons à faire évoluer les consciences.