Onze personnes, soupçonnées d’« homosexualité », ont été interpellées dans la nuit du 24 décembre, dans la région de Kaolack, frontalière avec la Gambie, alors qu’elles participaient, selon la presse locale qui cite des sources policières, à une « cérémonie de mariage » entre deux hommes.
Les faits se seraient déroulés dans un lycée de la ville, où le couple avait convié des amis. Et ils auraient été arrêtés alors même que le couple procédait au rituel de l’échange des alliances et placés en garde-à-vue au commissariat centrale… « où ils méditent sur leur sort », ironisent certains médias, qui soulignent également la présence d’un enseignant de l’établissement parmi les « accusés ».
« La mariée, habillée d’une robe, portait également d’autres accessoires de femme. Et, c’est au moment où le « mari » passait la bague entre ses doigts que la police s’est invitée à la fête. Et ce fut le sauve-qui-peut! »
Une vingtaine de personnes auraient ainsi pris part à la célébration, mais plusieurs dizaines d’autres, aperçus sur les lieux, sont « activement » recherchés. Ils ne parlent pas de « noces » mais assurent qu’il s’agissait d’un anniversaire.
Dans un communiqué partagé sur les réseaux, le Lycée Ibrahima Diouf, où était organisé l’événement, appelle les autorités à s’investir dans leur enquête afin d’inculper tous les « souteneurs » des homosexuels, déplorant l’exploitation de ses locaux « en état de ruine » à des « fins anti humains », plutôt que de soutenir sa réfection. Curieux arguments.
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Le lycée Ibrahima Diouf a été le Jeudi 24 Décembre, jour du Gamou,le lieu de theatre des…
Posté par Lycée Ibrahima Diouf sur samedi 26 décembre 2015
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Suite à la médiatisation de ces arrestations, l’imam Massamba Diop, de l’organisation islamique Jamra, a jugé l’affaire très « grave », exhortant les autorités à ne pas céder aux pressions : « le Sénégal ne doit recevoir de pression de qui que se soit », a t-il « prévenu » : « Nous sommes un Etat souverain qui a interdit l’homosexualité conformément à nos principes religieux et culturels et qui a autorisé la polygamie contrairement à la France qui a légalisé l’homosexualité et interdit la polygamie… C’est notre droit d’interdire l’homosexualité… »
En octobre dernier, Le chef de l’Etat sénégalais, qui a accordé un entretien à la chaîne d’information iTELE, estimait pour sa part que « chaque société devait pouvoir apprécier la question de l’homosexualité selon ses capacités » :
« Nous avons notre code de la famille, nous avons notre culture, nous avons notre civilisation. Il faut que les gens aussi apprennent à respecter nos croyances et nos convictions. Au nom de quoi on doit penser que parce que ailleurs, on pense que l’homosexualité doit être dépénalisée, que ça doit être une loi universelle ? Au nom de quoi ça doit être une loi universelle ? Nous avons des homosexuels chez nous… ils n’auront pas de difficultés avec le gouvernement, mais avec la société… »
Les homosexuels encourent pourtant au Sénégal de un à cinq ans de prison ferme et une amende de 100 000 à 1,5 million de francs CFA (entre 150 et 2 300 euros).
Monsieur Macky Sall aura sans doute oublié qu’il est le président de tous les sénégalais et se doit de protéger ses concitoyens sans distinction.
Terrence Katchadourian
stophomophobie.org