« Il n’est pas trop tard pour abandonner ce projet de loi et exiger un référendum« , martèle encore et toujours le collectif de la Manif pour tous . Ils défileront une nouvelle fois à Paris dimanche. Le but affiché est de s’opposer au projet de loi favorable au mariage homosexuel, adopté le 12 février par l’Assemblée Nationale et qui doit être débattu au Sénat à partir du 4 avril. En théorie, parce que beaucoup d’autres messages ont vu le jour ces dernières semaines. Tour d’horizon des revendications hors sujets.
Critiquer la politique du gouvernement
La Manif pour tous semble prendre un tournant social. Les slogans contre le projet de loi sur le mariage gay laissent place à des messages qui ne sont pas toujours en rapport avec l’objectif avoué du collectif. « La Manif pour tous est un mouvement social qui veut que le peuple soit entendu! », clame Frigide Barjot au Figaro . Contacté par Metro , Xavier Bongibault, leader des anti mariage-gay, souhaite se « concentrer sur le projet de loi », mais veut aussi dénoncer « cette idéologie de mai 68 et l’idée que cette loi n’est là que pour cacher l’échec du gouvernement sur les autres politiques ».
A l’UMP, on s’égare plus franchement. Sur Twitter, Nadine Morano, déléguée générale de l’UMP, explique les raisons de sa participation à la manifestation. « Ras le bol, le 24 mars je défilerai. Diviser par deux les allocations familiales des classes moyennes, les modes de garde attaqués STOP ». Et de rajouter dans un second tweet: « J’appelle tous les Français qui ne supportent plus le matraquage fiscal, l’attaque à la politique familiale à aller manifester le 24 mars ». Même chose pour Henri Guaino, député UMP des Yvelines, qui a justifié sur Europe1 vendredi matin, sa venue à la Manif’ pour tous de façon encore plus étonnante. Il n’hésite pas à faire un lien entre la mise en examen de Nicolas Sarkozy par le juge Gentil et le « ras-le-bol » qu’il souhaite exprimer dimanche prochain. « Quand tout le monde se croit tout permis, qu’une majorité se croit tout permis, quand un juge se croit tout permis, sans esprit de responsabilité et bien on abîme la République. Il est temps de dire assez. » a-t-il déclaré.
Critiquer le droit de vote des étrangers
Le collectif Manif pour tous fait le tour de la France pour expliquer les raisons de s’opposer au projet de loi. En plus des arguments liés au « fondement de la famille », au « lien social » et à l’éventuel « danger pour la filiation », les organisateurs s’éloignent parfois du sujet. En déplacement à Tours aux côtés de Frigide Barjot vendredi 8 mars, le président de « Plus gay sans mariage » a fait le lien entre le mariage pour tous et le droit de vote des étrangers. « Lorsqu’ils se sont aperçus que ce projet de loi ne passerait pas de façon si simple, ils ont donc décidé de sortir de leur chapeau, le droit de vote des étrangers. Là est la preuve que ce gouvernement se sert de toutes les réformes sociétales comme écran de fumée à l’échec de leur politique. » Et Xavier Bongibault de répondre aux accusations d’homophobie: « Mais actuellement qu’est ce que l’homophobie pour le gouvernement? Ce n’est pas la haine des homosexuels, c’est le refus du projet de loi Taubira, comme demain le racisme ne sera pas la discrimination des étrangers mais le refus de s’exprimer en faveur du droit de vote des étrangers », ajoute-il, acclamé par la foule.
Dissimuler des messages homophobes?
Un homme présent lors d’un meeting du collectif à Lille le 21 mars dernier, témoigne sur le site d’information gay Yagg. Il relate les propos de deux responsables du collectif. « Au cours de leur prise de parole est également développée une courte mais étonnante diatribe contre la ligne Azur, destinée à aider les adolescents qui se poseraient des questions en lien avec leur orientation sexuelle. Les répondants qui gèrent cette ligne, soutenue par le ministère de l’Education depuis quatre ans, seraient coupables de faire croire aux adolescents qu’ils sont homosexuels dès qu’ils les appellent, et de « ne parler que d’homosexualité » sur leur site. Il est donc déconseillé aux adolescents de contacter cette ligne ».
Selon le blogueur présent, quelques minutes plus tard Robert Oscar Lopez, un Américain « élevé par deux femmes » aurait défendu les « ex-gay-therapies ». Il désigne par cette expression les pratiques pseudo-scientifiques, « dangereuses et traumatisantes » où l’on se donne pour but de « guérir » des individus homosexuels en essayant de les rendre hétérosexuels. Selon le blogueur, Robert Oscar Lopez a vivement regretté que la Californie ait interdit ces thérapies, et que les médecins soient donc obligés de dire à des adolescents qui se confient à eux que l’homosexualité est normale. Xavier Bongibault, présent au meeting, confirme à Metro les propos tenus sur Azur « surtout pour critiquer leur campagne de publicité », mais rétorque que « Robert Oscar Lopez n’a absolument pas tenu ces propos ».
Le message sera-t-il brouillé par la multiplicité des revendications. Pour l’heure, la police table sur un peu plus de 100.000 personnes dans la capitale dimanche prochain, avenue de la Grande Armée. Loin donc des 350 000 manifestants lors de la dernière Manif pour tous.