C’est bien plus qu’un changement de responsable. Ce week-end, la plus importante association de lutte contre le sida en Europe, Aides, a changé de président. Et a élu Aurélien Beaucamp à sa tête. Consultant en recrutement, déjà administrateur d’Aides, celui-ci est né le 20 mai 1983, le jour même de la publication dans la revue Science de l’article de l’équipe de l’Institut Pasteur révélant la découverte d’un rétrovirus à l’origine du sida. Bruno Spire, chercheur en sciences sociales et président depuis neuf ans, ne se représentait pas.
Voilà une page qui se tourne, et l’arrivée d’une tout autre génération. Fini le temps des pionniers, ce sont les enfants du sida qui sont aux commandes. Et les historiques, qui ont créé puis présidé Aides — de Daniel Defert à Arnaud Marty Lavauzelle, Christian Saout puis Bruno Spire — laissent la place.
Aides est devenue une imposante machine, avec plusieurs centaines de salariés et autant de volontaires. Après un passage difficile, il y a deux ans, les comptes sont de nouveau équilibrés. Sur le front sanitaire, l’urgence reste dans le maintien en France à un haut niveau de la contamination, en particulier dans le milieu gay. Ce sont entre 6 000 et 7 000 nouvelles contaminations par an, et ce chiffre ne bouge quasiment pas depuis cinq ans. Comme une sinistre fatalité dont tout le monde semble s’accommoder. Ces derniers mois, Aides s’est beaucoup investi dans le développement des tests rapides, mais aussi sur le Truvada, cette molécule anti rétrovirale, qui se révèle très efficace en préventif.
A ce poste très exposé, le nouveau président d’Aides, peu connu, va devoir imprimer sa marque, et cela à un moment où la lutte contre le sida a du mal à rester sur le haut des priorités sanitaires.
Eric FAVEREAU
liberation.fr