Un débat raté qui s’est transformé en conférence de presse conjointe. C’est le bilan du premier duel organisé dimanche soir entre les deux candidats au poste de Premier ministre, le Travailliste Kevin Rudd et le Libéral Tony Abbott.
Une mise en scène à l’américaine, les candidats ne se faisaient pas face. Ils étaient debout côte-à-côte face aux téléspectateurs.
Un débat, donc, soporifique, avec quasiment rien de précis sur les programmes des deux partis, si ce n’est l’annonce par Kevin Rudd qu’il déposerait un projet de loi pour le mariage pour tous dans les 100 jours suivant son élection :
« Nous autorisons bien sûr le vote de conscience sur cette question et nous appelons M. Abbott à faire de même. »
En clair, les élus travaillistes peuvent décider de voter pour ou contre la ligne officielle du parti – qui est en faveur du mariage pour tous. Alors que dans le camp libéral, la position est claire : c’est non au mariage gay, et les élus n’ont pas le choix. Les médias australiens n’ont pas manqué d’ironiser sur la présence, dans la salle du débat, de la sœur lesbienne de Tony Abbott. Voici ce que le frère a répondu :
« Notre priorité est la réduction du coût de la vie. »
Autre sujet du débat : la construction d’un deuxième aéroport à Sydney. Elle est nécessaire, mais le choix de la banlieue qui l’accueillera donne lieu à des débats houleux entre les deux partis majoritaires depuis des mois, alors que l’unique aéroport actuel est proche de la saturation. Tony Abbott a promis de prendre une décision s’il était élu le 7 septembre. Kevin Rudd ne s’est engage à rien d’autre qu’à la consultation.
Autres sujets évoqués : le changement climatique, l’immigration illégale, la transition économique alors que se clôt l’âge d’or minier, mais tout cela sans mesures fermes.
Bilan: 51% des Australiens estiment que c’est KevinRudd qui a dominé le débat, contre 49% pour Tony Abbot, donc, d’après le sondage de trois chaînes de télé privées.
Pourtant le camp libéral a accusé Kevin Rudd d’avoir triché, en consultant ses notes pendant le débat. Or les règles stipulaient que les candidats n’avaient le droit qu’à du papier et un stylo.
Andrew Robb, le porte-parole de l’opposition chargé des finances :
« Il n’a pas respecté les règles, et je pense que Tony Abbott a parlé en chef d’État hier soir, alors que Kevin Rudd s’est contenté de lire ses notes. »
Kevin Rudd s’est dit prêt à débattre avec Tony Abbott sans note à tout moment pendant la campagne.
Caroline Lafargue