Les réfugiés LGBT qui espèrent trouver un futur meilleur en Australie ont du souci à se faire. La semaine dernière, le nouveau premier ministre, Kevin Rudd, a annoncé un durcissement drastique des conditions d’accueil des demandeurs d’asile arrivant par bateau. Ces «boat-people» souvent partis du Moyen-Orient ou du sous-continent indien, seront désormais automatiquement refoulés vers la Papouasie Nouvelle-Guinée. Or ce pays est l’un des plus inhospitalier du monde – en particulier pour les minorités sexuelles. Héritage des lois coloniales, une disposition locale punit les «crimes contre nature» de 14 ans de prison au maximum. L’île du Pacifique est, par ailleurs, tristement connue pour son absence d’infrastructure et sa violence endémique, note «The Guardian».
Pour le gouvernement travailliste de Canberra, la volonté est ouvertement de «casser» le business lucratif des passeurs. Naufrages, conditions de voyage cauchemardesques et bateaux en perdition coûtent la vie à des centaines de candidats à l’exil chaque année. Dans les faits, la mesure pourrait encore accroître la détresse des demandeurs d’asile. La plupart seront dirigés vers Manus Island, dont les structures d’accueil sont notoirement exécrables. Les demandeurs d’asile LGBT feront face, de surcroît, à «un système juridique qui juge leur comportement immoral et qui criminalise leur identité», résume le quotidien britannique.
«Jour de honte»
L’accord avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée (dont le volet financier n’a pas été divulgué) a provoqué un tollé parmi les associations de défense des droits de l’homme australiennes. Les Verts ont qualifié l’annonce de «Jour de honte pour l’Australie». Il est «atterrant de voir le pays payer son voisin le plus pauvre pour se débarrasser de gens sans leur garantir la moindre sécurité», a déclaré une responsable du parti. Les associations travaillant avec les réfugiés LGBT ont fustigé l’hypocrisie de Canberra, très avancée dans la lutte anti-homophobie à l’interne, mais qui se montre prête à sacrifier les réfugiés LGBT pour des raisons purement électoralistes.
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