Alors que le Président avait renoncé en janvier à promulguer une loi alourdissant les sanctions contre les homosexuels, il a finalement décidé de la signer.
Le gouvernement ougandais a défendu mardi la promulgation annoncée d’une loi renforçant les sanctions contre les homosexuels, se disant prêt à protéger «la moralité» du pays même si cela doit se traduire par une réduction de l’aide internationale.
Ces commentaires interviennent alors que le président Yoweri Museveni a finalement décidé de signer la loi après l’avoir bloquée en janvier, et ce en dépit de pressions internationales dont celles des Etats-Unis, important allié du pays.
«Cela ne nous importe pas de perdre le soutien financier de nos partenaires», a déclaré le ministre de l’Ethique et de l’Intégrité, Simon Lokodo, devant des journalistes, affirmant que les Ougandais préfèreraient «mourir pauvres que de vivre dans une nation immorale».
Le ministre s’est aussi félicité de la promulgation d’une autre loi, anti-pornographie, qui interdit de s’habiller de manière «provocante» en public, les spectacles en tenue légère sur scène ou à la télévision, et surveille de près les sites internet fréquentés par la population. «En disant qu’ils ne nous donneront plus d’aide à cause des lois anti-homosexuels et anti-pornographie, les donateurs ne font que du chantage», a ajouté le ministre.
La dénonciation rendue obligatoire
La législation ougandaise punit déjà l’homosexualité. Mais la loi anti-homosexuels votée à une majorité écrasante le 20 décembre 2013 par le Parlement ougandais renforce les sanctions, prévoyant notamment la prison à vie pour les récidivistes.
Dans un pays où l’homophobie est déjà très répandue, elle interdit désormais aussi toute «promotion» de l’homosexualité et rend obligatoire la dénonciation de quiconque s’affichant ouvertement homosexuel(le). La nouvelle législation fait depuis des mois l’objet de nombreuses critiques occidentales.
Dimanche encore, le président américain Barack Obama a estimé qu’elle «sera un pas en arrière pour tous les Ougandais, et donnera une mauvaise image de l’engagement de l’Ouganda en faveur de la protection des droits de l’Homme de son peuple».
Craintes sur la lutte contre le sida
Mardi, la diplomate en chef de l’Union européenne, Catherine Ashton, s’est à son tour dite «profondément préoccupée» par l’annonce de la promulgation prochaine du texte. L’Onusida a de son côté craint qu’elle ne fasse reculer les efforts de lutte contre le sida d’un pays pourtant pionnier en Afrique en la matière.
S’agissant de la loi anti-pornographie, le ministre Lokodo a précisé qu’elle visait à prévenir les comportements «obscènes et indécents des groupes de média, des chaînes de télévision». «Ce que dit la loi, c’est qu’il faut s’habiller décemment. Dans tout espace public, que ce soit au marché, dans la rue, ou sur un podium», a ajouté le ministre.
«Nous savons tous ce que c’est qu’être décent», a-t-il dit sans entrer dans le détail de ce que devait être une tenue correcte. «La police, une équipe spéciale anti-pornographie, fera appliquer» la loi, a-t-il indiqué.
AFP