Belgrade: l’UE condamne l’interdiction de la Gay Pride

Un important dispositif policier était déployé samedi dans le centre de Belgrade pour assurer la sécurité à la suite de la décision des autorités serbes d’interdire la Gay Pride, une mesure regrettée par l’Union européenne.

Des centaines de policiers anti-émeute cernaient un parc dans le centre de Belgrade où le rassemblement des militants de la cause homosexuelle aurait dû avoir lieu samedi. Des unités spéciales de la police étaient présentes devant les institutions de l?État ainsi qu’aux principaux carrefours du centre-ville.

La veille, les services de sécurité ont interdit pour la troisième année consécutive la tenue de la Gay Pride invoquant des raisons de sécurité, après que celle de 2010 eut été marquée par de violents incidents.

Plusieurs organisations et groupuscules d’extrême droite avaient annoncé leur intention de manifester samedi à proximité du lieu de rassemblement des militants arc-en-ciel et tout au long de l’itinéraire prévu par les organisateurs de la Gay Pride.

Samedi, l’UE a déploré l’interdiction de la Gay Pride.

« En tant que commissaire à l’Élargissement, je me suis engagé à demander aux pays candidats d’adopter entièrement les valeurs telles que la liberté de rassemblement et la liberté d’expression qui font partie des fondements principaux sur lesquels le projet de l’UE a été construit », a écrit le commissaire européen, Stefan Füle.

« Ceci est particulièrement important dans le contexte des négociations d’adhésion » de la Serbie au bloc des 28, a-t-il souligné.

Candidat à l’adhésion à l’UE depuis mars 2012, Belgrade espère ouvrir les négociations d’ici la fin de l’année, mais les défenseurs serbes des droits de l’Homme ont fait valoir que la décision d’interdire la tenue de la Gay Pride pourrait nuire à ce processus.

Tout en respectant l’interdiction de marcher samedi, les organisateurs de la Gay Pride ont condamné l’incapacité des autorités d’assurer la tenue du défilé.

« Nous allons bien sûr porter plainte auprès de la Cour constitutionnelle ainsi qu’auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme » à Strasbourg, a déclaré à la presse un des organisateurs, Goran Miletic.

La Cour constitutionnelle serbe a déjà tranché que les interdictions des Gay Pride en 2011 et 2012 violaient la Constitution, mais ces verdicts n’ont pas empêché son interdiction pour la troisième année consécutive.

Des représentants de la communauté internationale, dont la ministre suédoise aux Affaires européennes, Birgitta Ohlsson, et la députée néerlandaise au Parlement européen, Marije Cornelisson, étaient présents à Belgrade pour soutenir les militants de la cause homosexuelle.

Mme Cornelisson a critiqué l’incapacité des autorités serbes à maîtriser les groupes violents qui ont menacé la tenue de la Gay Pride.

« Jusqu’à présent, je n’ai pas vu d’efforts concertés pour combattre ces groupes et pour rendre la Serbie plus sûre pour tout le monde », a dit Mme Cornelissen.

« Si les autorités ne peuvent pas contrôler ces groupes violents, (…) cela veut dire qu’elles n’ont pas mis en place un État de droit » en Serbie, a-t-elle ajouté.

Vendredi soir, plusieurs centaines de militants arc-en-ciel ont bravé l’interdiction de la Pride et ont marché dans le centre de la capitale pour se rendre devant le siège du gouvernement où ils ont protesté contre l’annulation du défilé. Encadrés par des policiers anti-émeute, les manifestants se sont dispersés sans incident.

En 2010, les violences provoquées par des extrémistes hostiles à la Gay Pride avaient fait plus de 150 blessés, des policiers pour la plupart, et provoqué des dégâts évalués à plus d’un million d’euros.