Les responsables de l’Église protestante unie de Réunis entre jeudi 14 et dimanche 17 mai à Sète (Hérault) pour leur synode national, 105 responsables de l’Église protestante unie de France (EPUdF) examineront la possibilité de bénir – ou non – les couples de personnes de même sexe. Cette Église, qui réunit 250 000 fidèles, a inscrit cette réflexion dans le contexte plus large de la bénédiction.
Pour cela, les délégués de l’EPUdF seront invités à modifier et à voter sur un texte préparé par une théologienne et un philosophe, Isabelle Grellier et Frédéric Rognon, tous deux enseignants à la Faculté de théologie protestante de l’université de Strasbourg.
Concrètement, le document propose d’autoriser les bénédictions de couples homosexuels, à condition que le pasteur local et sa communauté ne s’y opposent pas. Le rapport, de quatre pages, est structuré en cinq axes : la bénédiction dans le contexte actuel, le sens de la bénédiction, la « communion fraternelle », la bénédiction comme manière de témoigner de l’Évangile, et la création d’équipes nationales pour accompagner les pasteurs sur cette question.
« Lorsque deux hommes ou deux femmes se marient et nous demandent de les bénir, que répondons-nous ? Il ne s’agit pas de se demander si le mariage entre personnes de même sexe est licite ou non, mais de savoir comment les accompagner », résume le pasteur Laurent Schlumberger, président du Conseil de l’EPUdF.
Dans quel contexte ce débat s’inscrit-il ?
« Le thème des bénédictions est ancien, explique Laurent Schlumberger. Il y a seize ans déjà, un synode national s’était penché sur cette question. Mais les débats de 2013 autour du « mariage pour tous » ont donné un nouveau tour à ce sujet. » Cette décision viendra couronner un processus de réflexion lancé il y a plus d’un an, en janvier 2014, et qui a conduit toutes les paroisses protestantes de France à réfléchir sur cette possibilité. L’an dernier, les neuf synodes régionaux de l’EPUdF ont également planché sur ce thème, se prononçant sur un texte élaboré à partir des réflexions locales.
Avant l’EPUdF, deux autres Églises protestantes se sont prononcées sur les bénédictions de couples d’hommes ou de femmes. La mission populaire évangélique avait lancé la réflexion en 2009, avant d’autoriser ces bénédictions en 2011. L’Union de l’Église réformée d’Alsace et de l’Église de la confession d’Augsbourg d’Alsace (Uepal) a, quant à elle, décidé l’an dernier de s’accorder un délai supplémentaire de réflexion avant de trancher la question.
Cette question divise-t-elle les fidèles ?
Les responsables de l’EPUdF ne cachent pas que le débat a été épineux, et que les membres de leur Église sont divisés. Néanmoins, « la plupart des synodes régionaux sont favorables à ce que nous ouvrions tranquillement la possibilité de bénir les couples de même sexe », estime Isabelle Grellier.
Signe de la vivacité des débats, cinquante pasteurs et une centaine de conseillers pastoraux ont rendu public, début mai, un « appel aux délégués et rapporteurs du Synode national » pour les inviter à ne pas statuer tout de suite sur la possibilité de bénir les couples homosexuels.
« Nous redoutons qu’une décision prise au bout d’une seule année de réflexion, dans la hâte de répondre à la pression de la société et l’évolution de ses mœurs – et avec pour seule légitimité la majorité des voix synodales – consacre les divisions et entraîne de profondes déchirures dans notre communion », peut-on y lire. « La réflexion a été menée au pire moment, à proximité du débat sur le mariage pour tous », qui a provoqué de grandes tensions dans certaines communautés », déplore Caroline Bretonès, pasteur au temple du Marais, à Paris, et signataire de ce texte.