Avant la convention sur la famille de l’UMP jeudi, l’ancien ministre du Logement de Nicolas Sarkozy annonce son soutien au projet de loi Taubira, dans une interview au Parisien – Aujourd’hui en France de mercredi.
Quelle est votre position sur le mariage gay ?
BENOIST APPARU. J’ai décidé de voter en faveur du projet de loi sur le mariage pour tous. La première raison – la plus importante à mes yeux – c’est la reconnaissance de l’amour homosexuel.
L’amour entre deux personnes de même sexe existe et il est tout aussi légitime que l’amour hétérosexuel. Lui donner un cadre social et culturel me paraît une nécessité. C’est la raison pour laquelle je suis favorable au texte, même si j’aurais préféré sur ce point une union civile.
Et l’homoparentalité ?
D’abord, près de 40 000 enfants vivent en France dans des familles homoparentales. C’est une réalité. Notre devoir est de sécuriser ces enfants. J’aurais préféré là aussi une autre solution, par exemple un statut du beau-parent, mais le projet de loi permet de donner un cadre légal à ces familles. Ensuite, j’ai plus de difficultés avec l’adoption plénière. Pour autant, quand je regarde par exemple mon département de la Marne, il doit y avoir 10 enfants en attente d’une famille par an. Autrement dit : la réalité quantitative de l’adoption plénière par des couples homosexuels sera très faible. Enfin, la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) sont pour moi inacceptables. L’adoption, c’est donner un cadre à des enfants qui existent déjà. La PMA, c’est créer un droit à l’enfant, et ça, j’y suis totalement opposé.
Ce projet de loi ne menace pas la famille comme le redoutent ses opposants ?
Le texte tel qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire sans la PMA ni la GPA, ne me paraît pas menacer la famille. Il répond à une évolution naturelle. Mais je reconnais que ce projet engage une vision de société, donc il ne faut pas balayer d’un revers de main les débats, les manifestations, les oppositions comme l’a fait la majorité. Je suis pour ma part partisan d’un référendum sur le sujet.
La droite reviendra-t-elle sur ce texte si elle est élue en 2017 ?
Je ne le pense pas et je ne le souhaite pas. Il n’y aura pas de retour possible. D’ici à 2017, il va y avoir des mariages homosexuels. Si nous sommes élus, nous ne pourrons pas les annuler. Et heureusement d’ailleurs !
L’UMP prend-elle le risque de se ringardiser en s’opposant au mariage gay ?
Je refuse cette vision simpliste et caricaturale. Il n’y a pas d’un côté les modernes et de l’autre les archéos, voire les homophobes, comme le martèle la propagande du PS. Cela ne fait pas avancer d’un iota le débat. Défendre une vision classique de la société n’a rien de ringard. Mais, de la même façon, ne considérons pas non plus ceux qui sont en faveur de cette réforme comme des aventuriers qui veulent détruire la famille. Sortons du manichéisme. Dans les deux camps, il y a des arguments sensés.
Comprenez-vous que des maires annoncent qu’ils refuseront de marier des homosexuels ?
Non, la moindre des choses quand on représente le peuple, c’est de respecter la loi.
LeParisien.fr
