LE PLUS. Benoît XVI a démissionné. L’Eglise se cherche un nouveau Souverain Pontife et fait le bilan des 8 ans de papauté de Joseph Ratzinger. La question de l’homosexualité a toujours été un sujet complexe pour l’Eglise. Comment se positionnait l’ex-pape ? Notre contributeur, Giuseppe Di Bella, historien et pro mariage homo fait un retour sur son passage au Vatican.
PAPE. La démission de Benoît XVI aura été probablement l’acte le plus marquant de son bref pontificat.
Le « panzer cardinal » se sera quand même illustré par un acharnement farouche contre les nouveaux droits des personnes homosexuelles, en particulier le mariage pour les couples de même sexe et la théorie du genre.
Le souverain pontife a toujours été réfractaire à toute évolution de l’Eglise catholique sur les questions sociétales ou de mœurs.
Resté fidèle à la vision la plus traditionnelle de la famille, il a refusé d’adopter des positions plus en phase avec la société sur l’avortement, l’euthanasie, la famille, le célibat des prêtres, la place des femmes dans l’Eglise ou l’homosexualité.
Un discours de tolérance teinté d’homophobie
Ses propos sur l’homosexualité, parfois très durs, ont souvent suscité de vives polémiques.
Dès son accession au trône de Saint Pierre, en 2005, il interdit l’accès à la prêtrise aux homosexuels. Il impose aux séminaristes, au cours de leurs études, une enquête stricte et un suivi régulier, pendant deux ans, afin de mettre à l’écart ceux « pratiquent l’homosexualité, ou s’ils présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou s’ils soutiennent ce qu’on appelle la culture gay », tout en réitérant la nécessité d’éviter « à l’égard des homosexuels toute marque de discrimination injuste. »
Bien entendu, il ne faut y voir aucune forme d’homophobie. Car c’est bien là qu’est le problème : l’Eglise catholique condamne l’homosexualité, considérée comme un « péché » et non les homosexuels, les « pêcheurs ». Distinction entre « l’acte » et la « personne » qui semble bien dérisoire et hypocrite.
« Mariage pour tous », une menace pour l’homme
Dans son livre-entretien « Lumière du Monde », publié en 2010, Benoît XVI rappelle à nouveau que « l’homosexualité s’oppose à la volonté de Dieu » et qu’elle est « inconciliable avec la vocation de prêtre ». En prenant soin de préciser : « en tant qu’êtres humains (les homosexuels) méritent le respect (…) ils ne doivent pas être rejetés à cause de cela. Le respect de l’être humain est tout à fait fondamental et décisif. Mais cela ne signifie pas que l’homosexualité soit juste pour autant. Elle reste quelque chose qui s’oppose à l’essence même de ce que Dieu a voulu à l’origine. » N’y voyez toujours pas d’homophobie !
Benoît XVI est intervenu, à plusieurs reprises, dans le débat sur l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples de même sexe en France. Il a été particulièrement combatif, appelant régulièrement les catholiques à « lutter » et à se mobiliser en masse contre ce projet de loi qu’il considère comme une « menace pour l’homme lui-même ».
Union sacrée contre le mariage homo
Il ira jusqu’à faire l’éloge du texte contre le « mariage pour tous » rédigé par Gilles Bernheim, grand rabbin de France. Une première dans l’histoire de l’Eglise catholique. Le Vatican fait également pression sur les élus catholiques des pays légiférant en faveur des gays et des lesbiennes (mariage, homoparentalité, partenariats…). Ces pressions sont parfois assorties de menaces d’excommunication.
En décembre 2012, il accordera sa bénédiction à très homophobe présidente du Parlement ougandais, Rebecca Kadaga, connue pour soutenir avec énergie la loi dite « Kill the gays » (tuer les gays) qui pourrait entraîner la mort pour les homosexuels dans certains cas.
Jamais un pape, dans l’histoire du catholicisme, n’aura mis autant d’énergie pour dénoncer l’homosexualité – sans homophobie (sic) – et les nouveaux droits ouverts aux couples de même sexe. C’est également ce que l’on retiendra du pontificat de Benoît XVI. Ce n’est pas ça qui fera redorer le blason déjà bien terni de l’Eglise catholique, trop préoccupée à mener des combats d’arrière-garde.
Par Giuseppe Di Bella
source:http://leplus.nouvelobs.com/contribution/785070-benoit-xvi-un-pape-qui-aura-prone-la-tolerance-et-l-homop