Poser sur la table «un pistolet et exactement une cartouche». Sans fard, le président démissionnaire du NPD, le parti néo-nazi allemand, Holger Apfel, est invité par un militant sur sa page Facebook à mettre fin à ses jours. Un haut responsable de la formation clique sur le bouton «j’aime». L’appel fait un lointain écho à la vague de suicides de responsables nazis dans les dernières semaines de la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi seulement, M. Apfel pourra laver son honneur aux yeux de ses contempteurs.
Pourquoi tant de haine? L’ex-responsable du NPD, marié et père de trois enfants, est accusé en interne d’avoir eu un geste déplacé envers un jeune militant pendant la dernière campagne électorale. Fait réel ou intrigue, le soupçon est un arrêt de mort politique dans cette formation. À la différence d’autres partis d’extrême droite en Europe, le NPD est intransigeant sur l’homosexualité. S’il ne peut demander ouvertement son interdiction, il refuse tout statut civil aux homosexuels et tout soutien financier à la recherche sur les questions de genre. Menacé d’exclusion, Apfel a préféré rendre sa carte.
Dans le fauteuil délaissé par Apfel est assis provisoirement Udo Pastörs, jugé plus radical encore. Quand ce dernier reçoit dans son bureau, sous les toits du Parlement régional de Schwerin, il ne fait pas mystère de son mépris pour une démocratie qui «conditionne». En écho à son allemand châtié, parsemé d’expressions vieillottes, figure au mur une carte des provinces allemandes perdues lors des conflagrations mondiales. Pour la bonne forme, la biographie de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande d’Hitler, côtoie dans sa bibliothèque des ouvrages de l’ex-ministre écologiste Joschka Fischer ou d’un responsable du SPD pestant sur l’immigration.
Le retour au calme n’est pourtant pas garanti au NPD. Une guerre des chefs se profile autour du choix de la tête de liste pour les élections européennes. Udo Pastörs, 61 ans, est en concurrence avec un autre radical, Udo Voigt, un ancien chef du parti. Le scrutin est crucial pour le NPD, dépourvu de financement public après des soupçons de malversations.
Les espoirs de la formation, en concurrence dans le spectre eurocritique avec l’Alliance pour l’Allemagne, repose sur une décision à venir de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Elle doit se prononcer en début d’année sur la suppression ou l’abaissement du seuil de 3 % des voix pour obtenir des eurodéputés. Avec la faiblesse traditionnelle de la participation aux élections européennes, le saut vers Bruxelles est réalisable pour le NPD. Aux dernières législatives, il a obtenu 1,5% des suffrages.
Mais la Cour de Karlsruhe pourrait tout aussi bien lui donner, à moyen terme, le baiser de la mort. Le NPD est visé à nouveau par une procédure d’interdiction. À l’initiative de cette bataille judiciaire, les Länder critiquent une trop grande proximité idéologique avec le IIIe Reich. Doutant des chances de succès, le gouvernement d’Angela Merkel ne s’est pas associé à la procédure.
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