Le «Cavaliere» s’est dit en faveur des unions civiles, y compris pour les couples de même sexe, alors que les autres leaders tergiversent, à sept semaines des élections.
Les prochaines élections législatives et régionales en Italie vont-elles enfin ouvrir la porte à une reconnaissance des couples de même sexe? Dans le dernier pays d’Europe occidentale dépourvu de toute forme d’union civile au niveau national, rien n’est moins sûr. Même si Silvio Berlusconi, de retour dans l’arène, a fait mine de changer de cap sur ce dossier. Celui qui, en plein scandale du «bunga bunga» avait déclaré «qu’il valait aimer les jolies femmes que d’être gay» s’est dit en faveur d’un «statut légal pour les couples qui vivent ensemble, y compris les gays, s’il y a une majorité qui rend possible un changement du code civil».
La proposition a laissé les associations LGBT incrédules. «Les trois gouvernements que Berlusconi a dirigés entre 1994 et 2011 n’ont rien fait pour les personnes LGBT. Des propositions concrètes sont nécessaires», a noté Fabrizio Marrazzo, du Centre gay, tandis que l’Arcigay invitait le chef du Peuple de la liberté (PDL) à «consigner cet engagement noir sur blanc». Certains ténors du PDL ont immédiatement rectifié le tir, estimant que la question des couples homos n’était «pas une priorité». A noter que l’ex-président du Conseil a annoncé, également lundi, avoir signé un pacte avec la notoirement homophobe Ligue du Nord.
Aux bons soins du Parlement
Le revirement du «Cavaliere» intervenait au lendemain d’une déclaration du Premier ministre sortant, Mario Monti. En lice pour les élections au sein d’une coalition centriste, le «Professore» a jugé que la reconnaissance des couples de même sexe était un «thème extrêmement important», mais secondaire, à ses yeux, par rapport aux réformes économiques. Dans ces conditions, il a estimé qu’il n’était pas du ressort du Gouvernement, mais plutôt du Parlement de se saisir de ce dossier. Monti est principalement soutenu par deux partis peu sensibles à la cause gay: les ex-démocrates chrétiens de l’UDC et Futur et liberté, la formation de Gianfranco Fini (ancien leader du MSI, post-fasciste).
Grand flou au centre gauche
De fait, les trois principales coalitions engagées dans la bataille sont profondément divisées sur la question LGBT. C’est aussi le cas du centre gauche, grand favori des élections: il comporte une influente aile catholique. En juillet dernier, au grand dam des LGBT italiens, l’assemblée nationale du Parti démocrate (principale composante de la coalition) avait voté pour la reconnaissance des unions civiles, mais pas pour le mariage entre personnes du même sexe. Symbole de ce flou à gauche, la principale porte-drapeau des lesbiennes et des gays, la députée sortante Anna Paola Concia, ne figure pas sur la liste des candidats du Parti démocrate au scrutin des 24-25 février. Elle pourrait néanmoins être «repêchée» par Pier Luigi Bersani, leader de la coalition.