Dans un article du bimensuel «Beobachter», le conseiller national Toni Bortoluzzi (UDC/ZH) parle des homosexuels comme étant des personnes «déviantes» au comportement «pas naturel».
Pour Toni Bortoluzzi, tous les moyens semblent être bons pour combattre la réforme planifiée en matière de droit de la famille. Selon le conseiller national agrarien, les personnes «déviantes» se servent de cette réforme pour mettre leur partenariat sur le même pied d’égalité, au niveau du droit, que celui des couples hétérosexuels. C’est ce que le Zurichois de 67 ans a affirmé dans un entretien accordé au bimensuel «Beobachter».
>> Le rapport contesté, en bref
Dans son rapport, la Bâloise Ingeborg Schwenzer s’interroge notamment sur la nécessité du mariage en tant qu’institution. Selon elle, les personnes vivant en couple doivent avoir les mêmes droits et devoirs que les couples mariés. Elle se demande également s’il ne faudrait pas assouplir l’interdiction de la polygamie en Suisse. Selon elle, de nombreuses personnes vivent déjà de cette manière. Un autre point ayant suscité de vives réactions: l’assouplissement de l’interdiction de l’inceste. Selon elle, il faudrait repenser l’interdiction de mariage qui touche les demi-sœurs et frères qui ont un lien de parenté uniquement par adoption.
>> Par personnes «déviantes», Toni Bortoluzzi veut dire «homosexuels, lesbiennes et tous ceux qui vivent seuls ou qui changent régulièrement de partenaire». «On ne peut pas considérer comme égaux un comportement anormal et un comportement normal. Les couples de même sexe ont un lobe du cerveau qui va dans le mauvais sens», affirme également l’élu UDC.
Toni Bortoluzzi critique le choix de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga d’avoir fait rédiger le rapport concernant la réforme du droit de la famille à Ingeborg Schwenzer, professeure en droit bâloise. «Elle aurait pu économiser cet argent. Mme Schwenzer est en soi une personne intelligente, mais elle tend à avoir un comportement pas naturel. On ne peut pas faire rédiger quelque chose de normal à quelqu’un d’anormal.»
Commentaires «blessants et dangereux»
«Ces affirmations sont déplacées et stupides. M. Bortoluzzi est apparemment lui même un peu déviant», s’énerve l’élu homosexuel Thomas Fuchs (UDC/BE). «Des commentaires de ce genre sont blessants et dangereux», estime de son côté Martin Naef (PS/ZH). «En tant qu’homosexuel, je milite pour davantage de tolérance et de respect. Et je ne vais pas non plus critiquer la manière de vivre de mon collègue Toni Bortoluzzi», continue-t-il. L’élu Claude Janiak (PS/BL), qui a contracté un partenariat enregistré, est lui aussi scandalisé: «Les mots utilisés par Bortoluzzi me font penser à une période sombre de l’histoire que je pensais révolue.»
L’organisation suisse de gays Pink Cross va encore plus loin. Elle envisage de porter plainte contre le politicien zurichois. «Celui qui traite les homosexuels de «pas naturels» n’a pas assez fait attention aux cours de biologie. De nos jours, les scientifiques ont recensé plus de 1500 espèces animales ayant un comportement homosexuel», note Bastian Baumann, directeur de l’organisation.
Malgré toutes ces critiques, Toni Bortoluzzi ne revient pas sur ses propos: «Je ne comprends pas pourquoi tout le monde en fait une si grande histoire, juste parce que je dis la vérité.»