Pendant six jours, les rues de Taungbyone s’animent autour des temples bouddhistes. Au milieu des danseurs et du son des tambours, Nyi Nyi, le sourire aux lèvres, vend des fleurs que les fidèles déposent en offrandes.
«Je dois vendre des fleurs, c’est une tradition que j’ai héritée de mes ancêtres. Un malheur arrivera si je ne viens pas ici», assure cet homosexuel de 29 ans.
Chaque année, il abandonne son métier de maquilleur le temps du festival pour apaiser des esprits vénérés à Taungbyone.
Le festival est en effet devenu un espace de liberté pour les homosexuels dans ce pays, qui s’est ouvert en 2011, après l’auto-dissolution d’une junte ayant isolé le pays pendant des décennies. L’homosexualité reste néanmoins réprimée par la loi, héritée de l’époque où la Birmanie était une colonie britannique.
«J’ai été victime de discrimination à l’hôpital et au poste de police. Les hôpitaux nous laissent à l’écart parce qu’ils pensent que les homosexuels sont malades», accuse Nyi Nyi.
Mais, à Taungbyone, les médiums dialoguant avec les esprits, souvent homosexuels ou travestis, sont accueillis à bras ouverts. Ils passent la journée à donner des conseils aux croyants avant de s’adonner à des danses rituelles toute la nuit.
À quelques mètres du temple principal, le sanctuaire recouvert de fleurs de Noe Noe ne désemplit pas. Les croyants se pressent pour venir écouter ses conseils.
«J’ai 66 ans, mais j’ai dansé toute la nuit hier et je danserai cette nuit aussi», affirme ce médium homosexuel, ayant trouvé avec cette profession une façon de s’intégrer dans la société birmane, où le bouddhisme dominant est teinté d’animisme.
Photo Ye Aung THU, AFP