Alain Juppé a reçu hier soir les associations gays et lesbiennes en mairie, pour apaiser les tensions autour du mariage pour tous. Une batterie de mesures a été annoncée.
A la sortie, ils étaient souriants. « Il nous a écoutés. La réunion a été constructive. Nous étions arrivés avec des propositions, il en avait aussi. Original et novateur. Nous serons vigilants sur la concrétisation de ces propositions. » Un pas a été franchi. Jean-Christophe Testu, président du Girofar, centre gay et lesbien de Bordeaux, cache mal sa joie. Les autres membres de l’association trinquent déjà dans le café à la sortie de la réunion qui s’est tenue hier soir, au Palais Rohan, avec Alain Juppé et trois élus : Anne Brézillon, Marie-Françoise Lire et Fabien Robert.
« J’ai tenu à rencontrer les gens de l’association, a signifié le maire, pour apaiser les tensions, suite aux récentes manifestations liées au mariage pour tous. Et aux événements homophobes qui ont suivi. D’abord, j’ai rappelé ma position : je suis favorable au mariage homosexuel, mais pas à l’homoparentalité. Je ne suis pas homophobe. »
Ceci posé, les intervenants ont pu discuter en toute sérénité. Alain Juppé et son équipe avaient préparé le terrain, envisagé des propositions concrètes visant à lutter contre l’homophobie, sachant que la ville a été classée 26e en France, donc mauvaise élève, dans le dernier sondage de l’Idaho sur cette question. « Première chose, une commission de lutte contre les discriminations homophobes va être mise au jour, a poursuivi Alain Juppé, par le biais du Cobade, le Comité de veille et d’action contre les discriminations et pour l’égalité. Le Girofar sera représenté. Nous allons entamer un travail de sensibilisation du personnel municipal contre l’homophobie, notamment le personnel de l’état-civil, de l’accueil scolaire. Nous soutiendrons les manifestations gays, la marche des fiertés, en apportant une aide logistique. Nous allons dégager des logements d’accueil d’urgence pour les jeunes homos chassés de leur domicile. »
Veille, vigilance, pédagogie
Le Girofar applaudit ces propositions des deux mains. « Notre présence au sein de cette commission permanente est formidable car nous allons pouvoir jouer notre rôle de veille, de vigilance. La mairie nous laisse carte blanche pour nommer les intervenants aux opérations pédagogiques de sensibilisation auprès des commerçants et des employés de la Ville, notamment les gens qui travaillent aux inscriptions scolaires, où les familles homoparentales sont toujours considérées comme des ovnis », précise Paul Vinot, président de LGPB, la Lesbian and Gay Pride Bordeaux.
Cependant, les militants avouent un léger bémol à l’issue de ce premier contact. « Au-delà de l’aspect communication de cette rencontre qui a pour vocation d’apaiser le climat, nous attendions un engagement plus concret encore, signale Jean-Christophe Testu. Sur deux points, le maire n’a pas répondu. Il a éludé la question du financement de Girofar. Nous bénéficions d’une toute petite subvention, et avons des besoins au-delà. Nous avons aussi demandé au maire que la Ville assure la communication de nos deux manifestations, la marche des fiertés et la journée contre l’homophobie, par le biais de campagnes d’affichage. Là non plus, pas de réponse. »
Alain Juppé, de son côté, a déclaré qu’il allait recevoir dans quelques jours les associations opposées au mariage pour tous. Consensuel donc…
Par Isabelle castéra