Le « Centro de Cidadania LGBTQI+ » de la Mare, favela de Rio de quelque 130 000 citoyens, a organisé, ce 26 novembre 2023, sa 14e « Parada do Orgulho », un défilé des fiertés LGBT+ accueillant et festif, avec le soutien des Consulats généraux de Belgique et des Pays-Bas notamment, pour sensibiliser la population mais surtout visibiliser la communauté, à prédominance afro-brésilienne, fortement réprimée.
« C’est important pour nous de soutenir cet événement qui dénonce plusieurs problématiques à la fois », nous confirme un diplomate belge, « à savoir la marginalisation socio-économique et culturelle de la communauté LGBTQIA+, plus encore dans les quartiers difficiles, ce combiné à la difficulté de faire respecter leurs droits en matière d’éducation, de travail et d’accès à la justice alors que le taux de criminalité est extrêmement élevé à leur encontre ».
La parade a eu lieu pour la première fois en 2006, à Vila do João, l’un des 16 quartiers de Maré, « il s’agissait d’inciter au rassemblement, à ‘sortir du placard’, et créer un espace sécurisé, mais aussi dénoncer les agressions que nous subissons », déplore Anna, qui a participé cette année au défilé. « Le Brésil cumule le taux le plus élevé d’agressions LGBT+phobes dans le monde et ce depuis des années. 228 meurtres en 2022, chiffre confirmé par un collectif d’associations brésiliennes. Et les personnes transgenres en sont les premières victimes.1741 meurtres transphobes de 2008 à septembre 2022. D’où l’intérêt d’une mobilisation comme notre marche qui revendique toujours les mêmes objectifs, du respect, des droits et une égale protection devant la loi », ajoute-t-elle.
En 2019, la Cour suprême du Brésil a qualifié l’homophobie de délit équivalent à celui de racisme, lorsqu’il s’agissait d’une discrimination de la communauté LGBT+ dans sa totalité, mais pas pour les injures contre une personne en particulier. En 2022, saisie par l’association ABGLT, qui estimait que de nombreux cas d’homophobie demeuraient ainsi impunis, la Cour a finalement décidé de sanctionner également les injures homophobes, désormais passibles d’une peine de deux à cinq ans de prison.