Brésil : Alexandre Ivo, 14 ans, sauvagement assassiné le 21 juin 2010 en raison de son homosexualité

Alexandre Ivo avait 14 ans lorsqu’il a été sauvagement assassiné le 21 juin 2010 à São Gonçalo (Rio de Janeiro), par une bande de skinheads homophobes. Quatre ans plus tard, les coupables n’ont pas été poursuivis par la justice et aucune loi de criminalisation de l’homophobie n’est à l’ordre du jour. C’est l’histoire d’un adolescent dont la vie a pris fin un soir de Coupe du monde.

>> Alexandre Ivo était un adolescent décrit comme studieux, serviable et affectueux. Selon sa mère, Angelica Ivo, le jeune garçon de 14 ans n’avait pas encore d’orientation sexuelle définie, “ il ne s’était pas encore ‘découvert’, jouait au football, faisait du skate, et, d’après ses amis, n’avait jamais eu de relation avec des filles ou des garçons ».

Le drame commence lorsqu’Alexandre se rend à un churrasco avec des amis à São Gonçalo (Rio de Janeiro), pour assister à un match du Brésil de la Coupe du monde, le 21 juin 2010. Là, des hommes apparentés à la mouvance skinhead agressent l’un de ses amis homosexuel et font éclater une bagarre. L’adolescent et ses amis se rendent alors au commissariat pour déposer plainte, avant de retourner à la soirée, laissant Alexandre à un arrêt de bus.

Étranglé avec son maillot du Brésil

En rentrant seul de la soirée, Alexandre se fait enlever par trois skinheads de 23 ans : Eric Boa Hora Bedruim, Alan Siqueira Freitas et André Luiz Cruz Souza. Ils le séquestrent, lui font subir de multiples sévices pendant plus de 2 heures. « Il a été torturé physiquement et psychologiquement. Il a été abusé de toutes les manières possiblement imaginables », a déclaré sa mère d’après les analyses du médecin légiste. Ils l’ont ensuite étranglé avec son maillot du Brésil, jusqu’à ce qu’il décède et ont abandonné son corps meurtri dans un terrain vague.

Une enquête a été diligentée, les trois hommes ont été en détention provisoire pendant trois jours et ont écopé de 30 jours de plus avec sursis. Ils n’ont jamais été réellement inquiétés ou reconnus coupables, alors que la peine prévue pour un crime dû à l’intolérance sexuelle est de 12 à 30 ans de prison.

Homophobie au Brésil, une situation qui se dégrade

Dans son documentaire Out There (2013), diffusé par la BBC, l’acteur britannique Stephen Fry fait un panorama de l’homophobie dans la société à travers le monde. Pour le Brésil, il y présente la mère d’Alexandre Ivo pour qu’elle raconte l’histoire de son fils et son combat pour obtenir justice. Il rencontre aussi le député fédéral de l’Etat de Rio de Janeiro Jair Bolsonaro qui s’oppose à la promulgation d’une loi criminalisant l’homophobie. Il affirme par exemple que « nous les Brésiliens, nous n’aimons pas les homosexuels », mais ensuite qu’ »il n’existe pas d’homophobie au Brésil » car la plupart des meurtres d’homosexuels auraient lieu à cause de la drogue ou de prostitution.

Bien que Rio soit l’une des destinations les plus attractives au monde pour les homosexuels, le nombre de crimes homophobes est en augmentation dans la « Cidade Maravilhosa ». Le Brésil lui-même est le premier pays au monde par le nombre de crimes homophobes, selon Groupe Gay de Bahia : presque la moitié des meurtres de transsexuels et de gays dans le monde ont été commis au Brésil. Le Brésil serait également aux côtés de l’Ouganda et de la Russie comme étant l’un des pays dans lequel les politiques et leaders religieux s’acharnent le plus contre les homosexuels.

Stephen Fry résume la situation brésilienne actuelle en déclarant que Jair Bolsonaro est « le type même de l’homophobe que l’on retrouve partout dans le monde, avec la croyance que les gays veulent dominer la société, recruter les enfants pour abuser d’eux. Même dans un pays progressiste comme le Brésil, ses mensonges créent une hystérie chez les ignorants, desquels la violence peut surgir ».

Christine REBECHE