Bruxelles : les agressions homophobes en hausse

Pas moins de 449 procès-verbaux et 18 amendes ont ainsi été délivrés en 2014.

Les homosexuels sont toujours plus souvent et violemment insultés et menacés dans les rues de Bruxelles. Les 449 procès-verbaux et 18 sanctions administratives communales délivrés en 2014 représentent ainsi une moyenne de deux faits par jour. La plupart des coupables sont pourtant mis hors de cause faute de preuves.

« Eh salope ! Je vais te prendre par derrière », ou encore plus élégant : « Sale tapette, cours pour sauver ta vie ». Pour les couples de gays et de lesbiennes, quels que soient leur âge et leur couleur de peau, se promener dans les rues de la capitale n’a rien d’une reposante balade. Les injures et les menaces pleuvent, encore plus en cas de beau temps et lors d’événements comme le marché de Noël. Il n’est d’ailleurs par rare que l’insulte soit suivie par un crachat.

Ces invectives ne sont pas juste de bon ton auprès des bandes de jeunes puisque, semble-t-il, un certain nombre de jeunes adultes sont aussi concernés. Il y a près de deux ans, la jeune étudiante Sophie Peeters avait déjà montré du doigt le problème avec son reportage choquant intitulé Femme de la rue. Si, depuis lors, la police et la classe politique bruxelloises ont ouvert l’œil, les jeunes voyous, eux, en rigolent bien.

« Toutes les plaintes vont au parquet mais elles y sont vite classées. C’est regrettable mais, dans la plupart des cas, il s’agit d’une parole contre une autre parole. Parfois, le coupable n’est même pas connu. Cela devient alors naturellement très difficile », indique Christian De Coninck, le porte-parole de la zone de police de Bruxelles-Capitale-Ixelles.

Christian De Coninck comme le bourgmestre, Yvan Mayeur (PS), conseillent pourtant aux victimes de toujours porter plainte. « Cela nous donne au moins une meilleure idée de comment, où et quand nous devons placer nos patrouilles. Nous essayons d’intervenir plus vite et plus fort. Comme c’est le cas pour les vols et les braquages, notre but est de prendre les coupables en flagrant délit. » Cette année, ce sont ainsi 18 flagrants délits qui ont pu être réalisés. Les coupables doivent alors s’acquitter d’une amende (SAC) située entre 50 et 250 €.

Au sujet du profil des coupables, tout le monde reste vague. D’après le documentaire Femme de la rue, c’était, semble-t-il, surtout des jeunes d’origine allochtones qui étaient impliqués. « Mais nous n’avons pas de vue immédiate là-dessus« , affirme la zone de police bruxelloise. Il ne serait également pas rare que les homosexuels soient poursuivis pendant une centaine de mètres, même si cela débouche rarement sur de la violence physique.

« La meilleure manière de réagir lorsqu’un groupe vous engueule est de continuer à marcher la tête levée », conseille le psychothérapeute Jeroen Wislet.

L. N. (avec Julien Thomas)