Dévoilé en janvier 2017 au festival de Sundance, unanimement salué depuis par la critique et d’ailleurs en lice pour quatre Oscars, dont meilleur film et scénario, « Call me by your name », qui vient tout juste de sortir sur les écrans français, devait aussi être projeté, ce mercredi 28 février, au Colisée, grande salle du centre de Tunis.
L’événement a finalement été annulé, le ministère tunisien de la Culture ayant refusé de délivrer au film son visa d’exploitation, officieusement « pour éviter les problèmes ». La salle l’a annoncé mardi sur sa page Facebook.
Le distributeur Lassaad Goubantini, dénonce « une atteinte aux libertés », l’interdiction était « sûrement due au sujet du film » : adaptation de « Plus tard ou jamais », roman d’André Acima, narrant une histoire d’amour entre deux hommes, Elio et Olivier, « au cours d’un été ensoleillé dans la campagne italienne… »
« Nous avons déposé la demande d’autorisation auprès du ministère de la Culture (…). Nous leur avons même proposé le visionnage (du film) à titre exceptionnel avant la projection pour savoir si ça passait ou pas. Malgré tout ça, on nous a refusé le visa ». Une telle interdiction est « en contradiction avec la Constitution tunisienne », ajoute M. Goubantini, qui déplore cette « mesure infantilisante » car « le cinéma est un acte assumé » et les spectateurs peuvent choisir d’y aller ou non.
Ce n’est pas la première fois que le département des Affaires culturelles refuse ainsi de livrer un visa d’exploitation pour la diffusion d’un film évoquant l’homosexualité, passible en Tunisie de trois ans de prison ferme. Le ministère n’a même pas estimé nécessaire de répondre aux sollicitations.
« Call me by your name » est aussi interdit aux mineurs en Turquie, en Malaisie, en Corée du Sud, en Russie et à Singapour, aux moins de 17 ans non accompagnés d’un adulte aux États-Unis, aux moins de 16 ans aux Philippines, aux moins de 15 ans au Royaume-Uni, à Taïwan ou encore en Irlande, interdit aux moins de 14 ans au Brésil, au Canada, au Mexique et au Portugal, aux moins de 13 ans en Nouvelle-Zélande et aux moins 12 ans aux Pays-Bas et en Suisse.
En France, il est heureusement autorisé pour tous publics et la presse quasi unanime : Le film est éblouissant, dépasse le cadre de l’hymne militant sur l’homosexualité, note le Figaro. Son récit est universel, évoquant « le mystère de l’amour, l’urgence de vivre et de ressentir ». « Une quête de beauté », pour l’Obs. Le cinéaste italien, Luca Guadagnino, envisage même des suites à la destinée d’Elio, incarné par l’acteur Franco-Américain Timothée Chalamet, également nominé aux Oscars cette année.