Les deux femmes avaient été arrêtées dans un restaurant le 8 février dernier et condamnées à cinq ans de prison le 11 mai suivant, pour « tentative d’homosexualité » ainsi qu’« outrage public aux mœurs », parce qu’elles étaient habillées avec des vêtements et accessoires féminins.
Elles venaient tout récemment de bénéficier d’une mesure de mise en liberté provisoire, après cinq mois de détention, en attendant l’issue de leur procès en appel. Elles ont été attaquées à Douala, dans la nuit du samedi au dimanche 8 Août 2021, par une bande de jeunes, qui les ont battues « presqu’à mort », nous a indiqué leur avocate, Me Nkom.
L’agression a été filmée et diffusée sur internet. « Les images sont violentes. Les deux femmes, extraites de force d’un taxi, sont humiliées, dénudées, rouées de gifles, de coups de pieds… La scène dure plusieurs minutes, c’est de la barbarie », insiste Me Nkom, qui promet une suite judiciaire.
« Il est important de faire comprendre aux bourreaux que leur crime ne saurait resté impuni. On ne peut pas s’attaquer et tabasser des êtres humains au seul motif de leur orientation sexuelle ou identité de genre », ajoute-t-elle. « D’ailleurs, dans l’attente d’une décision en appel, il faut que Shakiro et Patricia puissent retrouver leur liberté d’aller et venir, même hors du pays. Nous devons assurer leur sécurité, au besoin envisager un garde du corps pour les accompagner discrètement, en attendant là encore de pouvoir demander l’asile et quitter le pays », poursuit l’avocate.
Certains des agresseurs se sont exprimés dans les médias, estimant leur violence justifiée et nécessaire pour « stopper l’hémorragie » : Shakiro susciterait « le mauvais exemple auprès de la jeune génération camerounaise, qui perd ses repères ».
Rappelons que l’homosexualité est punie de six mois à cinq ans de prison au Cameroun (article 347 bis). Législation hostile qui alimente toutes les discriminations, menaces et violences subies par les personnes LGBT, souvent « sans aucune conséquence pour les auteurs de ces actes », comme l’avait déploré en avril Human Rights Watch (HRW) dans son rapport sur le Cameroun.
Shakiro et Patricia ont aussi écopé chacune d’amendes de 200 000 CFA (soit un peu plus de 300 euros).
STOP homophobie soutient l’association LGBT+ Adefho, fondée par Me Alice Nkom. Nous sommes partenaires et nous avons mis en place un appel au dons pour aider de manière prompte et efficace les victimes qui encourent ces condamnations pour homosexualité.
Pour y contribuer : https://bit.ly/3lSbkjn