Cameroun: meurtre d’un militant homosexuel, Yaoundé s’en prend aux médias

Yaoundé — Le gouvernement camerounais a assuré que « toute la lumière sera faite » sur l’assassinat d’un militant des droits des homosexuels après que les avocates de la victime eurent dénoncé une enquête bâclée et la répression des personnes homosexuelles par les autorités.

Dans un communiqué conjoint publié samedi, onze associations de défense des droits de l’Homme ont, elles, demandé au président camerounais Paul Biya « de prendre des mesures fortes pour arrêter une vague de haine et protéger une minorité persécutée de citoyens ».

Dans une déclaration vendredi soir à la télévision d’Etat, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a assuré que « le gouvernement saura prendre ses responsabilités (…) afin que toute la lumière soit faite » sur le meurtre d’Eric Lembembe, retrouvé mort à son domicile à Yaoundé après avoir subi de nombreuses tortures.

« Il n’y a aucun complot d’Etat, ni même aucun complot social au Cameroun, qui serait dirigé vers les homosexuels », a-t-il poursuivi, ajoutant: « de nombreux homosexuels notoirement connus vivent et circulent en toute liberté au Cameroun sans que soient organisées des battues ou des expéditions punitives contre eux ».

« Une autopsie a d’ores et déjà été ordonnée et des réquisitions adressées aux opérateurs de téléphonie mobile en ce qui concerne les communications téléphoniques du défunt », selon lui.

Jeudi, les avocates d’Eric Lembembe avaient accusé la police d’avoir bâclé l’enquête et de n’avoir « rien fait » pour collecter d’éventuels indices après la découverte du corps.

« Ce crime intervient dans un cadre général d’homophobie marqué par le silence complice des autorités devant de nombreux incidents ciblant les individus et organisations défendant les droits des minorités sexuelles« , estiment dans un communiqué conjoint onze associations camerounaise de défense des droits de l’Homme.

« Les autorités religieuses, l’Eglise catholique camerounaise en particulier, prennent position sur l’homosexualité de manière à inciter à la violence », accuse le texte.

L’homosexualité est considérée comme un délit au Cameroun et passible de cinq ans de prison. Deux adultes et un mineur accusés d’homosexualité sont actuellement jugés à Yaoundé.