Une association homophobe a célébré sa «Journée contre l’homosexualité» en protestant contre de soi-disant «bars gay» de la ville. Elle réclame un durcissement accru des lois anti-gay, alors que violences et menaces s’intensifient.
Une centaine de jeunes hommes et femmes ont parcouru les rues de Douala, mercredi. Brandissant des pancartes où l’on pouvait lire «Pas de gays au Cameroun» ou «Homosexuels interdits», ils ont manifestés contre des bars qui sont, d’après eux, des rendez-vous d’homosexuels. Le rassemblement était organisé par le Rassemblement de la jeunesse camerounaise (RJC), un mouvement qui revendique un durcissement des lois anti-gay, déjà extrêmement sévères dans ce pays, au nom de la lutte «contre le sida, les MST, l’incontinence et les hémorroïdes» (sic).
Le RJC veut voir la peine maximale pour «actes contre-nature» portés à 20 ans de prison, au lieu de 5 actuellement. «C’est un combat pour pousser les autorités à exprimer clairement notre rejet de l’homosexualité en tant que nation», a expliqué le porte-parole de l’association, Sismondi Barley Bidjocka, à l’agence AP.
Le RJC marquait ainsi sa désormais traditionnelle «Journée contre l’homosexualité», censée commémorer la mort trouble d’un étudiant de 31 ans. Ce dernier avait été retrouvé au pied d’un grand hôtel de Yaoundé, en 2006. La presse avait alors laissé libre cours à des spéculations sur l’existence d’un puissante coterie de gays qui violeraient et assassineraient de jeunes hommes.
Regain de violences
La manifestation de ce mercredi, organisée avec la bénédiction du pouvoir (le RJC est composé d’inconditionnels du président Paul Biya), survient un mois après le meurtre du militant LGBT Eric Ohena Lembembe, torturé à mort à son domicile. Malgré les déclarations du gouvernement, l’enquête n’a rien donné à ce jour. Un regain de menaces et de violences est constaté depuis quelques mois contre les Camerounais LGBT et ceux qui ont le courage de prendre leur défense. «J’ai l’impression que la persécution des homosexuels est nettement en hausse depuis le meurtre de Lembembe : Une manif comme celle-ci en est la preuve évidente, a déclaré Michel Togue, un avocat qui a défendu des hommes accusés d’homosexualité. Si je vous disais que je n’ai pas peur, ce serait une plaisanterie. Je crains pour ma sécurité.»
Source : 360.ch