Depuis la mi-avril, « Sofia Taloni », femme trans de nationalité marocaine mais basée en Turquie, suivie par plusieurs centaines de milliers d’internautes, s’acharne dans ses lives appelant à la délation des homosexuels dans son pays. Des dizaines de noms, accompagnés de photographies et parfois d’adresses ou de numéros de téléphone, ont ainsi été diffusés sur les réseaux sociaux après avoir été récupérés sur différentes applications de rencontres dédiées.
Plusieurs victimes ont reçu des messages haineux, d’autres encore ont été jetés à la rue par leur famille ou ont subi des violences de leurs proches ulcérés par leur orientation sexuelle.
La police marocaine a donc annoncé ce lundi 27 avril l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « incitation à la haine et à la discrimination » manifestement liée à cette fuite de données, a précisé à l’AFP le porte-parole de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Il invite par ailleurs les plaignants à se manifester.
Mais, la situation est difficile car, si la constitution marocaine consacre bien le droit à la vie privée, l’homosexualité est considérée comme un crime au Maroc, sanctionné de six mois à trois ans de prison.
Un total de 170 personnes ont été poursuivies en 2018 pour ce motif, selon les chiffres officiels.
La criminalisation des relations homosexuelles librement consenties constitue une violation des droits humains fondamentaux protégés par le droit international.
Le Maroc devrait abroger l’article 489, qui criminalise les relations homosexuelles, et introduire une législation protégeant les personnes contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, tel que le préconise Human Rights Watch.
Dans un mémorandum publié en octobre 2019, le Conseil national des droits de l’homme, un organisme d’État marocain, avait aussi recommandé cette dépénalisation. Plus de 25 organisations non gouvernementales ont exprimé leur soutien à cette recommandation, rejetée néanmoins par le gouvernement.