Canada Le procès du dépeceur présumé de Montréal commence lundi

L’épilogue de la plus retentissante affaire criminelle de ces dernières années au Canada se jouera à partir de lundi à Montréal avec l’ouverture du procès de Luka Rocco Magnotta, assassin et dépeceur présumé d’un étudiant chinois.

L’affaire a connu un écho mondial, car la scène du meurtre et des actes scabreux qui avaient suivi a été filmée par le meurtrier et publiée sur internet.

Lundi, commence une étape préliminaire qui doit permettre au juge de décider si les preuves réunies soutiennent suffisamment les accusations.

Celles notamment de meurtre avec préméditation, outrage à cadavre, diffusion de matériel obscène et harcèlement vis-à-vis du Premier ministre canadien Stephen Harper.

Plus précisément, Magnotta, un ancien acteur porno âgé de trente ans, est accusé d’avoir tué en mai dernier à Montréal avec un pic à glace son petit ami Lin Jun, d’avoir découpé son corps, d’en avoir envoyé des parties par la poste à travers le Canada, y compris au parti conservateur au pouvoir, et d’avoir tourné une vidéo de ses actions, diffusée ensuite sur internet.

Le tronc de la victime avait été découvert dans une valise mise aux ordures dans une ruelle de Montréal, près du logement de Magnotta. La tête n’a été retrouvée que début juillet, dans un parc.

Arrêté en Allemagne le 4 juin 2012 après une cavale en France, rapidement extradé, Magnotta a plaidé non coupable de tous les chefs d’accusation, lors d’une première comparution en juin.

Ses défenseurs ont annoncé qu’ils allaient demander un huis clos à l’ouverture de l’enquête préliminaire qui pourrait durer une dizaine de jours.

Il est rare, dans la pratique judiciaire canadienne, que cette étape du procès se déroule à huis clos. Mais sa couverture par les médias est sévèrement limitée. Le procès devrait se dérouler en bonne partie en anglais, l’accusé étant anglophone.

Un personnage mystérieux

S’il est reconnu coupable, Magnotta est passible de la prison à perpétuité. Ses défenseurs pourraient plaider la maladie mentale, mais des experts ayant commenté la personnalité du suspect dans les médias ne leur prédisent pas beaucoup de succès.

Reste que Magnotta, dont la fuite en Europe avait tenu les Canadiens en haleine pendant plusieurs jours, demeure un personnage relativement mystérieux, en dépit d’une sorte d’exhibitionnisme auquel cet ancien strip-teaseur, prostitué bisexuel et acteur porno s’était livré pendant plusieurs années sur internet, affichant ses photos, vidéos et messages écrits.

Sa famille, qui vit près de Toronto, se borne à dire qu’elle n’entretient plus de relations avec lui depuis longtemps.

Sur ses sites web, il invoquait parfois ses origines russes et utilisait un pseudonyme russe, mais serait en fait né en Ontario. Peut-être battu et victime d’abus sexuels, de l’alcool et de la drogue, il aurait commencé sa carrière d’homme de compagnie dans un bar gay de Toronto à 18 ans. Quelques années plus tard, il a écopé d’une peine de prison avec sursis pour fraude dans des magasins.

Puis il a semblé révéler des penchants sadiques en affichant sur YouTube des vidéos où il tuait des petits chats en les asphyxiant.

Si son objectif était d’obtenir une certaine visibilité médiatique, il l’a atteint: un animateur français, Karl Zéro, a publié un roman à la première personne intitulé « Dans la peau de Luka Magnotta: Histoire d’un web-killer ».