Dans le filon de la « réactualisation » de ses classiques d’animations, pour que le conte perdure « en prise de vues réelles », les studios Disney reportent à l’écran « La Belle et la Bête », dans un nouveau musical fantastique avec Emma Watson et Dan Stevens, et déjà plusieurs condamnations pour « apologie de l’homosexualité ».
L’un des personnages, LeFou, « fièrement » interprété par la star de Broadway Josh Gad (la voix américaine du bonhomme de neige dans La Reine des neiges), est gay. Du moins en « questionnement ». Il éprouverait des sentiments, « entre admiration et désir », pour son ami Gaston, le méchant de l’histoire incarné par l’acteur britannique Luke Evans (Le Hobbit, Dracula Untold), « ce ravisseur de cœurs », tel qu’il l’interpelle dans un extrait musical.
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Beyond proud of this https://t.co/5wG1KfKqVZ
— Josh Gad (@joshgad) 1 mars 2017
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L’alerte est lancée, Disney a encore « cédé » à la diversité pour refléter la réalité ! Il y aurait même une scène d’attraction entre les deux hommes, courte mais aux conclusions heureuses : un rare « moment gay », selon le réalisateur américain, Bill Condon, interviewé par le magazine britannique Attitude, qui confirme et salue « un grand tournant ».
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En Russie, le député Vitali Milonov, fervant militant contre la cause, dénonce une « propagande flagrante et éhontée du péché et des relations sexuelles perverses », appelant le ministre de la Culture Vladimir Medinsky à prendre les mesures nécessaires pour interdire le film.
Aux États-Unis c’est déjà fait. Les pétitions circulent et les propriétaires d’un cinéma de plein air, au cœur de l’Alabama, dans le sud fondamentaliste, ont annoncé qu’ils ne projetteraient pas le long-métrage, pour lutter contre le dictat « de la pensée unique imposée par les entreprises » sous-pression : « Si je ne peux regarder un film avec Dieu ou Jésus à mes côtés, alors je n’ai aucune raison de le montrer », a expliqué le directeur du Drive. « Nous faisons tous des choix et j’ai fait le mien. Nous sommes avant tout des Chrétiens, fidèle à l’enseignement de la Bible et continuerons à ne projeter que des films qui défendent la famille, sans être inquiétés par le sexe, la nudité, l’homosexualité et la grossièreté. »
En France également, le boycott est relayé par des intégristes religieux et sites satellites à la mouvance anti-mariage pour tous, qui en affichant leur pédigrée familial en tête d’articles, fustigent l’initiative, s’indignant que la firme américaine présente « normalement et naturellement » des homosexuels aux enfants, « même dans les pays où c’est socialement inacceptable ou illégal » : « Cela illustre parfaitement un des axes majeurs de la stratégie : soit vous l’accepter et vous les laissez éduquer vos enfants, soit vous vous retrouvez marginalisés et mis à l’écart. »
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Disney venait de s’affranchir de l’inquisition outre-Atlantique cette semaine, en diffusant « les premiers baisers échangés entre couples de même sexe » dans une de ses séries animées, « Star Butterfly » (The Forces of Evil sur la chaîne « XD » dédiée). Et maintenant « ces scènes sur l’orientation sexuelle dans une histoire comme la Belle et la Bête » ?!
Un clin d’œil à l’artiste gay Howard Ashman, qui aura très largement contribué avec son partenaire Alan Menken, au succès des œuvres musicales de la première édition de la Belle et la Bête par Disney en 1991, alors même qu’il menait un combat contre le sida ? Un hommage lui est signifié. Il est décédé avant la sortie du film. Doublement stigmatisé, il aura plus particulièrement retranscrit sa souffrance dans le titre « Kill the Beast », charge « à la bienveillance humanitaire », qui qualifie de « Monstre » tout ce dont elle ignore. On pense par ailleurs à la version de Cocteau, en 1946.
Autrement, ce « reboot friendly » sera dans les salles françaises dès le 22 mars prochain.
Terrence Katchadourian
stophomophobie.com