Dans la nuit de samedi 11 à dimanche 12 juin 2016, armé d’un fusil d’assaut semi-automatique et d’une arme de poing, Omar Mir Seddique Mateen, citoyen américain d’origine afghane, décrit par son ex-femme comme violent et par son père comme homophobe, « refoulé », assassinait 49 personnes au Pulse, célèbre club gay d’Orlando, en Floride.
Revendiquée par le groupe État islamique, ce sera la pire tuerie de masse de l’histoire des Etats-Unis mais aussi l’attentat le plus meurtrier survenu sur le sol américain depuis le drame du 11 septembre 2001. Trois heures de terreur et un bain de sang, qui fera par ailleurs 53 blessés. « Les gens hurlaient, se faisaient écraser… C’était le chaos ! »
La ville décrétera un état d’urgence, les foules se rassembleront afin de donner leur sang pour venir en aide aux victimes et avec les hommages, ce sont des milliers de témoignages de soutien, lettres, dessins, couronnes ou peluches qui vont s’accumuler dans les différents lieu de recueillement de la ville. Un an après, c’est de cet élan d’amour et compassion qu’Orlando veut se souvenir.
Collectés par les personnels municipaux, nettoyés et débarrassés, autant que possible, des dépôts de cire occasionnés par les milliers de bougies allumées en souvenir, ils ont ensuite été inventoriés pour être présentés en partie ce lundi 12 juin 2017, dans les murs du centre d’histoire du comté d’Orange, agglomération qui englobe Orlando. La totalité de la collection sera dévoilée en ligne sur le site du musée.
« Nous ne connaissons pas les histoires derrière la plupart de ces objets », explique le responsable du lieu, Michael Perkins, qui espère que des donateurs profiteront de l’occasion pour les raconter.
Pièce majeure, un « canapé blanc Ikea » déposé par un anonyme, et devenu depuis « un point de fixation pour les pèlerins », qui l’ont recouvert de signatures, mots et autres empreintes de mains.
« La partie de l’histoire que nous voulons préserver, et dire, c’est la réponse des habitants », explique Teresa Jacobs, le maire du comté. Mais c’est aussi pour offrir un espace de recueillement aux familles, vivant parfois très loin d’Orlando, que l’initiative a été lancée, ajoute l’élue.
Outre l’exposition, des bannières frappées du slogan « Orlando United » (Orlando unie) flottent un peu partout dans les rues de cette ville de 260.000 habitants, déjà considérée comme l’une des plus accueillantes pour la communauté LGBT.
Début mai, la propriétaire du Pulse, Barbara Poma, a annoncé son projet de convertir la discothèque en mémorial, avec un appel aux survivants, leurs familles et les équipes de secours dépêchées sur les lieux du massacre, pour décider du design et de la collection du musée. Plusieurs projets artistiques sont en cours, dont une pièce intitulée « O-Town », basée sur des témoignages de personnes directement affectées par l’attentat, dont une partie sera lue lundi lors des cérémonies de commémoration.
Là encore, il est plus question de l’après, plus de vie que de mort. « C’est important de documenter l’histoire de cette période », a expliqué à l’AFP Yasmin Flasterstein, qui dirige le groupe d’aide psychologique aux survivants.
49 anges sont invités, un pour chacune des victimes, dont les funérailles avaient été perturbées pour certaines, par des groupes d’intégristes, comme la Westboro Baptist Church, férocement anti-LGBT. Depuis un an, ces volontaires, armés de leurs seules grandes ailes en tissus blanc, militent contre la haine et protègent les hommages. Une force angélique qui remonte au meurtre homophobe en 1998 de Matthew Shepard, étudiant de 21 ans.
À l’époque, l’organisation extrémiste faisait déjà les gros titres en prévoyant de manifester lors de ses obsèques. Un de ses amis avait alors imaginé un costume d’ange équipé d’ailes géantes afin de préserver les manifestants du regard de l’assistance. 18 ans plus tard, ils refont surface. L’University of Central Florida (UCF) et le Shakespeare Theater d’Orlando se sont chargés de dessiner les costumes, et c’est ainsi que la « Police des Anges ».
Valentine Monceau
stophomophobie.com