Ces prêtres qui souhaitent la mort des homosexuels

Le 5 octobre, la maison d’édition gay berlinoise Bruno-Gmünder a promis une récompense de 15 000 euros pour démasquer les personnes qui se cachent derrière le site germanophone d’extrême droite « kreuz.net ».

En effet, un article sur le site se réjouissait de la mort du comédien gay Dirk Bach le 1er octobre. « Il brûle maintenant dans l’enfer homo éternel », avait-on pu lire dans un article anonyme, comme la plupart des contributions du site. Parmi les 600 mails reçus par l’éditeur, environ 10 % auraient fourni des renseignements utiles. Depuis, la prime offerte par l’éditeur a augmenté: le 19 novembre, elle se montait à plus de 23 000 euros.
Sur le site homophobe kreuz.net, un article titré « Un homosexuel guéri met en garde contre le fascisme homosexuel ».
Le 6 novembre, les responsables de la campagne « Stoppt kreuz.net » (Arrêtez kreuz.net) lancée par l’éditeur Bruno-Gmünder ont remis à la justice à Berlin, les résultats obtenus jusqu’ici. Ils contiendraient des informations importantes sur les personnes qui se cachent derrière le site « kreuz.net », mais les noms des personnes qui y figurent n’ont pas été divulgués, ont précisé les initiateurs de la campagne.
Le site « kreuz.net » créé en 2004 qui se présente comme un service de nouvelles catholiques, s’est fait connaître pour ses propos extrémistes contre les homosexuels, les protestants, les juifs, les musulmans, et tous les catholiques « libéraux ». Les efforts pour identifier ses administrateurs étaient restés vains jusqu’ici car le site est enregistré aux Etats-Unis, utilise des noms de sociétés-écrans et a plusieurs fois changé d’hébergeur.

Cinq prêtres soupçonnés

D’après un article publié le 6 novembre sur le site de l’hebdomadaire allemand Spiegel, cinq membres de l’Eglise catholique figureraient sur la liste de noms remises à la justice. Mais les responsables de la campagne « Stoppt kreuz.net » ont démenti l’information ; d’après eux, les noms cités par l’hebdomadaire, ainsi que par d’autres médias, sont ceux de collaborateurs au site. D’après le Spiegel, il s’agirait de cinq prêtres qui risquent des poursuites judiciaires et des sanctions ecclésiastiques, dont un vit en Allemagne, un en Suisse et trois en Autriche.
Parmi eux figure Hendrick Jolie, prêtre du diocèse de Mayence. Celui-ci a déclaré n’avoir aucun lien avec « kreuz.net » et que le site avait repris illégalement ses contributions. Mais d’après l’hebdomadaire, il était le titulaire de l’adresse e-mail « redaktion@kreuz.net ». Le diocèse de Mayence a annoncé l’ouverture d’une enquête et a convoqué l’abbé Jolie pour une explication.

Sur la liste figurerait également l’abbé Reto Nay, curé dans le diocèse de Coire, en Suisse, qui a fait paraître au moins deux textes sur « kreuz.net ». Le porte-parole du diocèse a indiqué que l’évêque Mgr Vitus Huonder, lui avait signifié dès le printemps 2012 qu’il ne tolérerait plus aucune publication sur ce site. Autres personnes qui figureraient sur la liste : Hubert Hecker, professeur de religion, dans le diocèse de Limbourg, qui a affirmé avoir cessé toute publication sur « kreuz.net » depuis 2010, et l’abbé Georg May qui dépend du diocèse polonais de Wroclaw.
Le site « kreuz.net » est dans le collimateur de la justice depuis des mois. Ses affinités néonazies lui ont valu une mise sous surveillance par les offices allemand et autrichien pour la protection de la Constitution. Il a fait l’objet d’une plainte déposée à Berlin. La Conférence des évêques allemands a pris à maintes reprises ses distances avec le site. Sa dernière réaction réclame même sa fermeture le plus rapidement possible. Les évêques autrichiens et suisses ont fait de même.