Quand des foules poussées par des politiciens démagos, des populistes homophobes et quelques forcenés d’obédiences diverses manifestaient contre le mariage gay. Défiler en masse pour refuser un droit, c’était nouveau. Et révoltant. Aujourd’hui, Charles Dantzig continue le combat. Dans son nouveau roman, « Histoire de l’amour et de la haine », l’écrivain met en scène des personnages qui, chacun à leur manière, ont été pris dans le tourbillon de ces événements.
L’homophobie est-elle un sujet de roman ? Oui, répond Charles Dantzig interrogé par le nouvelobs. Cet esthète n’y renonce en rien à son goût pour les formes littéraires raffinées, qui oscillent ici entre l’essai, le conte et le poème en prose, mais il anime une farandole de personnages pendant les manifestations qui, en 2012 et 2013, se sont opposées à la loi sur le « mariage pour tous ». Le résultat est un singulier roman choral, érudit et engagé.
Une extraordinaire peinture de la France d’aujourd’hui où se mêlent : l’humour, l’amour et la haine.
Comment le débat sur le mariage pour tous, sa violence inattendue, a-t-il bouleversé notre rapport aux autres, et à nous-mêmes ? La question parcourt « Histoire de l’amour et de la haine », drôle d’objet littéraire, mi-roman, mi-essai, qui propose de partager un peu du quotidien de sept personnages pris dans ce tumulte.
Il y a Pierre Hesse, écrivain en panne d’inspiration, Armand et Aaron, un couple parfaitement gay. « Aaron l’avait contacté sur un site, en pleine nuit, affamé de sexe et prêt à tout et à n’importe qui, et il avait vu cet homme apaisant, et ils étaient ensemble depuis sept ans. »
Il y a aussi Ferdinand, 20 ans, malheureux fils du député Furnesse, parlementaire homophobe. Pour Ferdinand, c’est « inouï de découvrir qu’on est gay. Nous devons tout apprendre, nous sommes un peuple sans histoire ». Puisqu’on ne parle pas de « ces choses-là » à la table familiale, cet apprentissage passe par la littérature, par l’échappée dans les livres : cités ici ou là, Oscar Wilde, Marcel Proust ou Tennessee Williams sont les fantômes bienveillants de cette « Histoire ».
Mot de l’éditeur :
Voici sept personnages avec qui nous vivons, des premières manifestations contre le « mariage pour tous » jusqu’aux dernières. Il y a Ferdinand, garçon de vingt ans blessé par la vulgarité de son père, le député Furnesse, vedette homophobe des médias et fier de l’être ; Pierre, le grand écrivain n’écrivant plus ; Ginevra, qu’il tente d’aimer ; Armand et Aron, qui vivent en couple ; Anne, si belle et victime de sa beauté ; bien d’autres encore. Tous apportent leur voix à ce concert de l’esprit où le comique le dispute à la rage.
Que s’est-il passé durant cette période ? Quel esprit est entré dans Paris, si contraire à Paris ? Comment ce qu’on appelle un événement transforme-t-il la vie des hommes ?
Le grand roman de l’amour au temps de la haine.
avec LePoint, Sudouest et FranceInfo
Charles Dantzig. (©Xavier Romeder pour L’OBS)