Dans la nuit du 17 au 18 novembre 2013, vers 3 h du matin, deux groupes passablement éméchés se croisent devant l’établissement et dans le « lot entrant », un membre lâche au groupe refoulé : « Vous n’êtes pas entrés car vous êtes des pédés ».
Les deux individus qui sont à la barre, ce lundi, seraient les auteurs de ces paroles et assurent à la présidente, Laëtitia Clerc, « ne pas bien se souvenir du déclenchement de la bagarre ». Toujours est-il qu’aux mots, succédaient les coups. Et des coups extrêmement violents qui laissaient sur le carreau, une des personnes précédemment insultées. La présidente énumère : « Traumatisme crânien, perforation du tympan » et quarante-cinq jours d’incapacité totale de travail. Lourd, très lourd pour la victime qui, à l’issue de ces faits, ne pourra même plus reprendre son emploi de commercial.
Six mois de prison pour les deux prévenus
L’enquête de la police qui allait suivre s’appuyait notamment sur les images de la vidéosurveillance. On y voit même l’un des protagonistes s’éclipser discrètement à l’arrivée d’une voiture des forces de l’ordre, puis rapidement changer de blouson. Sur ces faits, l’intéressé reste dubitatif. « J’sais pas trop pourquoi j’ai fait ça. » La bagarre ? « C’est parti comme ça, se contente-t-il de dire. J’ai été vers lui, machinalement. » Pour l’avocate de la partie civile, Ariane Caumette, « la vidéosurveillance montre un coup de poing d’une extrême violence dans le visage de mon client. Il aurait pu ne pas se relever du tout ou rester handicapé à vie. » Et aujourd’hui, « il a des douleurs fortes et des troubles du sommeil ». Pour le procureur de la République, Christian Mercuri, « nous sommes bien en présence de violences aggravées. La vidéosurveillance montre des individus énervés et particulièrement agressifs et quel que soit le motif réel de cette bagarre, les propos homophobes étant niés par les prévenus, les conséquences restent graves. » Du côté de la défense, Me Émilie Coutant souligne que « le cadre de cette affaire était celui d’une rixe, comme il y en a, hélas, souvent en sortie de discothèque et savoir qui a dit quoi, précisément, est totalement impossible. Aucun son n’accompagne encore les images de la vidéosurveillance ». Et puis, « mon client a lui même pris deux coups de poing ». Pour Me Fabrice Remerand, défenseur de l’autre prévenu, « nous sommes dans une confusion la plus totale pour déterminer les responsabilités. Mon client a tenté de séparer les belligérants et le geste que l’on voit sur les images de la vidéosurveillance n’est pas celui d’un coup porté ».
A l’issue des débats, les deux prévenus ont été reconnus coupables et ont été condamnés à six mois de prison ferme.
Par Jean-Luc Pavot
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