LE PLUS. Le texte de loi sur le mariage gay est débattu à l’Assemblée nationale depuis le 29 janvier. Alors que les députés, qui siègent nuit et jour, oscillent entre fous-rires et sérieuses prises de bec, le débat, lui, fait toujours rage au sein de la société. Notre contributrice, en défenseur de l’égalité des droits, a souhaité écrire une lettre ouverte aux opposants à ce mariage.
« Tu crois pas qu’y a des problèmes un peu plus importants en France que ce putain de mariage pour tous ? », nous assènent en choeur les « anti », à court d’arguments choc après avoir brandi l’étendard de la loi naturelle et s’être auto-proclamés défenseurs d’une vérité absolue dictée par le Tout Puissant
Plus qu’un mariage, un combat pour l’égalité
Est-ce que je crois qu’il y a plus important dans ce monde pourri que l’égalité humaine ? Non. Oui parce que c’est bien de cela dont on parle : d’êtres humains. Et de considération égale pour chacun d’entre-eux.
Le mariage homo c’est juste une partie de ce pourquoi on se bat, c’est surtout l’occasion de parler d’égalité et de supprimer la notion de « minorités » dans la tête des gens. Comme d’autres avant se sont battus contre la ségrégation raciale, pour la mixité sociale, pour la reconnaissance de la femme comme l’égale de l’homme.
Alors non, je ne crois pas qu’il y ait plus important aujourd’hui, ni en France, ni ailleurs, que ce combat-là.
Est-ce que j’en ai marre de n’entendre parler que de ça ? Oui, comme toi, j’en ai marre.
Et d’abord parce que je n’en peux plus d’entendre tes arguments moisis de petit réac vautré sur ses principes éculés, qui refuse de faire le coming-out de son homophobie.
Parce que je n’en peux plus de m’essouffler pour essayer de rallier à cette cause des ignorants finis.
Sûrement la seule bonne chose à retenir de François Hollande
Parce qu’aussi, comme beaucoup, je suis persuadée que le gouvernement y trouve son compte. Pendant que Christiane Taubira et Henri Guaino s’égosillent à l’Assemblée nationale, et que ce bon François Hollande fait le guignol au Mali, on ne parle pas du petit Français lambda qui ne termine pas le mois et fait ses courses dans les poubelles de « Lidl ».
On ne s’émeut pas de l’étudiant qui trime à la fac et qui attend que le CROUS lui verse ses trois mois de bourse de retard. Du sort de tes parents, ou des miens, qui se font remercier après 20 ans de bons et loyaux services, parce que pour survivre à la crise il faut d’abord taper dans la masse salariale.
Mais surtout, parce qu’on ne devrait même pas avoir à en parler vois-tu.
Oui parce qu’on ne demande l’avis de personne dans l’histoire. Que tu le veuilles ou non, cette loi passera et elle sera même, sûrement, la seule bonne chose à retenir de ce président « joke » que la moitié + 1% du peuple a élu.
Évoluer en même temps que la société
Personne n’a son avis à donner sur la vie des autres et leur droit à la mener comme ils l’entendent, avec les mêmes petits droits et devoirs que tu as dans tes poches et dont tu jouis allègrement sans que personne n’ait rien à y redire.
Personne ne va défiler dans la rue pour débattre et juger de ton sort, de ton mariage, de ce que tu fais dans ton lit, de si tu en baises une autre ou pas et de qui tu offenses quand tu le fais.
Quant à ton bon vieux Dieu que tu ériges en parfait garant de tes arguments dépassés : puisque tu as l’air de si bien connaître son avis sur la question, je serais curieuse que tu m’invites à manger avec vous la prochaine fois qu’il passe chez toi. J’ai deux-trois petites questions à lui poser.
J’ai dû louper des passages de la Bible, tu sais, les moments – entre autres – où il disait qu’une femme et un homme c’était la seule possibilité et que tout le reste irait droit en enfer.
En attendant ce jour – et j’ai hâte – tu as plutôt intérêt à t’y faire et à cesser de me provoquer sur le sujet, parce que dorénavant je réponds par des baffes !
Et demain, ou dans 20 ans, quand ta petite fille viendra te présenter celle qu’elle aime et t’inviter à son mariage, je prie pour que tu aies eu le temps de sortir de ton placard, de faire tomber le voile qui t’aveugle et de rire de ta bêtise passée.
Sur ce, je ne t’embrasse pas, j’ai la grippe (et une amoureuse).
source:nouvelobs.com