Les autorités chinoises ont approuvé la diffusion en salles d’un film sur un couple gay, avec un acteur français dans l’un des rôles titres, une première saluée mercredi par les activistes LGBT dans un pays où la censure reste sévère et moralisatrice.
« Seek McCartney » selon son titre en anglais (« Xunzhao Luo Mai » en mandarin) a reçu le feu vert des censeurs pour sa diffusion dans les salles de cinéma du pays, a indiqué son réalisateur Wang Chao, l’une des figures du cinéma indépendant chinois.
« C’est un petit pas pour l’Administration du Film, mais c’est un grand pas pour le monde du cinéma », s’est félicité Wang Chao, non sans ironie, sur son compte de microblogs.
Cette coproduction franco-chinoise met en scène la relation secrète entre un Chinois, interprété par le comédien Han Geng, et un Européen, joué par le Français Jérémie Elkaïm.
Le long-métrage attendait depuis douze mois la décision de l’organisme chargé de la censure, selon des médias chinois, et il devrait être désormais programmé dans les salles obscures dans le courant de l’hiver.
Cette nouvelle n’est pas anodine pour la communauté LGBT en Chine: Pékin a dépénalisé l’homosexualité en 1997 et l’a retirée de sa liste des maladies mentales en 2001, mais les gays et lesbiennes chinois font encore l’objet d’une très forte pression familiale et sociale.
Et si plusieurs réalisateurs chinois de renom avaient déjà mis en scène des héros gays – dont Zhang Yuan avec « East Palace, West Palace » ou plus récemment Lou Ye avec « Nuits d’ivresse printanière » -, aucun long-métrage chinois ayant l’homosexualité comme thème principal n’avait jusqu’alors passé le barrage de la censure.
« On a déjà vu à l’écran des films chinois avec des personnages secondaires gays (…) mais un feu vert à une histoire dont les héros principaux sont homosexuels, c’est une très grande avancée », a indiqué à l’AFP Fan Popo, jeune documentariste et activiste LGBT.
Pour autant, ce militant se veut prudent.
« Le fait que cette oeuvre particulière puisse sortir dans les salles ne signifie aucunement que des salves de films gays vont pouvoir à l’avenir être diffusés en Chine », prévenait-il.
« Le système chinois d’approbation des films est extrêmement instable, les règles sont floues. Et au final, tout dépend des caprices des censeurs », a-t-il déploré. Dans ces conditions, « il est difficile de dire si cela va encourager d’autres réalisateurs chinois ».
En 2008, les autorités avaient inclus l’homosexualité parmi les contenus « pornographiques et vulgaires » à bannir des écrans, mais cette clause avait été supprimée en 2010, précisait mercredi le quotidien officiel Global Times.
Wang Chao est le réalisateur, entre autres, de « L’orphelin d’Anyang » (2001) et de « Voiture de luxe » (prix « Un certain regard » à Cannes en 2006).
AFP