Christine Boutin est Président du Parti Chrétien Démocrate. Elle revient pour Nouvelles de France sur le refus de la préfecture d’accorder les Champs-Élysées à la Manif Pour Tous.
Comment réagissez-vous au refus de la préfecture de police ?
Ce n’est pas une surprise. Déjà, en février elle avait envoyé une note avec des arguments qu’elle a repris aujourd’hui.
Croyez-vous aux arguments de la police, notamment le risque de trouble à l’ordre public ?
L’ordre public est apprécié par la préfecture de police qui a des moyens pour le faire. Toutefois, je doute de la réalité des arguments. Les Champs-Élysées demeurent un symbole et la police le sait très bien.
Si la police interdit le rassemblement sur les Champs-Élysées, pensez-vous qu’il faille quand même manifester ?
Je sais que je ne pourrai encourager des familles, des personnes âgées, à défiler sur un parcours non autorisé.
Et vous-même ?
Je ne suis pas fan de ce genre de choses mais d’un autre côté, je ne suis pas une femme à renoncer. En fonction de la suite des événements, je déciderai 48 heures avant ce qu’il convient de faire.
Comment percevez-vous la suite de la mobilisation ?
Je demande aux familles de rester mobiliser et de se préparer à monter sur Paris. Rien n’est perdu. La discussion au Sénat n’est pas encore commencée. François Hollande doit redorer son blason. A 30% d’opinions favorables dans les sondages, il est obligé de faire un geste. Il peut ainsi autoriser la manifestation, permettre la tenue d’un référendum et, et non pas ou, se rendre à Rome pour l’installation du nouveau Pape. Il a suffisamment offensé les catholiques pour qu’il essaie de se faire pardonner.
Et si rien n’est fait ?
Si rien n’est fait, nous assisterons à une cristallisation politique. S’il refuse d’autoriser la manifestation et s’il refuse d’écouter, le Président sera responsable si des formes plus violentes de manifestions s’installent. Comprenez ceci : une partie, de plus en plus importante, des Français a été méprisée à de nombreuses reprises sur ce sujet, que ce soient pour les auditions de l’Assemblée nationale, la manifestation du 13janvier ou encore les 700 000 pétitions du CESE. En restant sourd à ces appels, le Président prend une responsabilité très grave car l’affrontement est certain.
Pourquoi cette surdité ?
Je pense qu’il est un peu perdu et qu’il ne se rend pas compte qu’il remonterait de 10 points dans les sondages s’il cédait sur le mariage gay.
Vous qui avez été ministre, savez-vous quel impact sur les sénateurs peut avoir une manifestation ?
Les sénateurs y sont très sensibles notamment parce qu’ils sont élus par les maires et que les élections municipales, au suffrage universel direct, se dérouleront dans tout juste un an. Et il ne faut pas croire que la manifestation du 13 janvier n’a servi à rien. Il est évident que le lobby gay a pris peur ce jour-là.
Que vous inspire le rôle du lobby gay dans ce projet de loi ?
Le lobby gay est très puissant mais je pense qu’il est dépassé et instrumentalisé par les idéologues adeptes de la théorie du gender. Christiane Taubira voit dans ce projet de loi un « projet de civilisation », elle n’a pas tort dans la mesure où il consacre une perte de repères pour notre civilisation
Source : ndf.fr