Une chaîne russe a reçu un avertissement du gouvernement pour avoir diffusé son film « Les chansons d’amour ».
Dans un texte transmis à l’AFP, le réalisateur français Christophe Honoré juge « insensé » l’avertissement reçu par une télévision populaire russe pour avoir diffusé son film « Les chansons d’amour », montrant des relations sexuelles « non traditionnelles ».
« Passé la stupeur face au caractère insensé de ce genre de nouvelle, la censure qui frappe mon film m’inquiète sur le climat d’homophobie d’Etat qui règne en ce moment en Russie », écrit le cinéaste actuellement en répétition à Lyon pour « Dialogues des carmélites », sa première mise en scène de théâtre.
Selon le Hollywood Reporter, la chaîne Evrokino a reçu un avertissement de la part du Rokomnadzor, service fédéral de contrôle de l’information et des médias, pour avoir diffusé « Les chansons d’amour », film musical qui raconte l’histoire d’un ménage à trois bouleversé par un deuil.
Toujours d’après le journal américain, « c’est la première fois qu’une chaîne russe se voit recevoir un avertissement pour avoir montré des relations entre personnes du même sexe » depuis l’entrée en vigueur fin juin en Russie de lois controversées punissant tout acte de « propagande » homosexuelle devant mineur. Selon la loi, la « propagande des relations sexuelles non traditionnelles devant mineur » est passible au minimum d’amendes de 4.000 à 5.000 roubles (100-125 euros) pour une personne physique. Les sanctions sont plus sévères si cette propagande est effectuée sur internet et les entités juridiques contrevenantes pourront être fermées jusqu’à 90 jours.
L’homophobie est largement répandue en Russie, où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale jusqu’en 1999. « Je crains que s’il s’obstine à effacer de leurs écrans tout film montrant +des relations sexuelles non traditionnelles+, le régime russe risque de priver sa population de tout un pan de la production cinématographique mondiale », conclut Christophe Honoré dans son texte.
C-Obs avec AFP