«Je n’ai rien contre les homosexuels mais je ne voulais pas de ça dans ma famille ou chez moi». Chemise blanche, lunettes de vue accrochées autour du cou, c’est un père de famille sans histoire, ouvrier modèle, au casier judiciaire vierge, qui comparaissait ce mardi devant le tribunal d’Angoulême.
Pourtant, le 8 mars dernier, «Journée de la femme», notera le procureur, quand il rentre chez lui à Cognac, et qu’il y trouve sa fille de 17 ans en compagnie de sa petite amie, cet homme de 54 ans entre dans une colère noire. Les deux jeunes filles décrivent des gifles et des coups de poing violents…
À la barre, lui, ne reconnaît «que les gifles qui, peut-être, ont fait taper la tête de sa fille contre le mur». Quand sa femme tente de s’interposer pour protéger sa fille, elle aussi, reçoit plusieurs gifles, avant de réussir à mettre l’adolescente l’abri dans la chambre parentale.
Le père met alors la petite amie de sa fille dehors, la «poussant dans l’escalier», d’après les dires de la jeune femme. «Si je l’avais poussée dans l’escalier, elle s’en souviendrait, ça lui aurait fait plus mal que ça», assure le prévenu.
Dès le lendemain, sa fille retournée à l’école, à Saintes, où elle passe un CAP en alternance, se confie à un conseiller d’éducation qui alerte les autorités. Elle lui décrit les violences de la veille mais aussi des insultes homophobes prononcées par son père depuis qu’elle lui a annoncé, quelques mois pus tôt, qu’elle préférait les filles. «Je l’ai dit mais sans le penser vraiment», minimise le prévenu.
Interrogé par les juges sur son homophobie, il admet qu’il «aurait souhaité mieux pour sa fille». Et «qu’il ne désespère pas qu’elle change». Mais assure qu’il peut l’accepter. Il estime surtout que sa petite amie est une «mauvaise fréquentation. Depuis qu’elle est avec elle, elle est devenue insolente, lui paye tout, jette l’argent par les fenêtres…»
«Mon client s’est retrouvé démuni face à une adolescence en quête d’identité», plaide son avocate. Justement, pour le procureur Cyril Vidalie, «cette jeune fille est en train de chercher son équilibre et tout ce qu’elle trouve à la maison ce sont des insultes et de la violence». Il rappelle que, depuis des années maintenant, la discrimination en fonction de l’orientation sexuelle est un délit particulièrement réprimé par la loi. Il requiert trois mois de prison avec sursis.
La présidente du tribunal Marie-Elisabeth Boulnois et ses assesseurs ne suivront pas ces réquisitions. Ils ont décidé de ne pas retenir la circonstance aggravante d’acte homophobe. Pour violence sur mineur par un ascendant familial, le tribunal a condamné le prévenu à un mois de prison avec sursis et une contravention de 300 euros. Il devra également verser à l’Apide, l’Association pour la protection, l’information et la défense de l’enfance qui s’est porté partie civile, 1 euro symbolique, comme elle l’avait réclamé au titre des dommages et intérêts. Le contrôle judiciaire et l’interdiction d’entrer en contact avec sa fille sont pour l’instant levés.
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